James Yorkston & The Second Hand Orchestra – The Wide, Wide River

Domino
Folk
James Yorkston & The Second Hand Orchestra - The Wide, Wide River

Avec quatre pleines pages dans le dernier Rock n’ Folk combien de chances reste-t-il à James Yorkston de demeurer longtemps encore l’un des best kept secrets d’Écosse? C’est que Domino s’avère à son égard l’un des derniers labels réellement militants. Artiste solo davantage par nécessité que par vocation, Yorkston demeure le genre de lascar à se fondre volontiers dans le premier collectif venu, plutôt que d’assumer de se consacrer enfin à valoriser son propre talent. Il n’en demeure pas moins que ce maverick, bien que notoirement réticent à toute classification formelle, tisse sans en avoir l’air (et depuis deux bonnes décennies) un corpus qui commence diablement à ressembler à une œuvre. Et ce en dépit des faux-nez dont il s’affuble, et des leurres avec le recours desquels il tente avec obstination de brouiller les pistes. ­Si le “Ella Mary Leather” introductif évoque certes un improbable pastiche croisé d'”Eleanor Rigby” et “Waterloo Sunset” (pas froid aux yeux, le gusse), le reste endosse l’intrépide spontanéité des regrettés Go-Betweens et du troisième Velvet (“There Is No Upside”), tout comme l’irrédentiste ambition de revisiter sans paraître y toucher le Leonard Cohen de “Famous Blue Raincoat”, via son propre “A Very Old Fashioned Blues”. Enregistré à Stockholm avec des musiciens suédois de proche affinité (cuivres, cordes et percussions légères s’appliquant y tenir leur rang), cet album persiste à creuser le sillon d’un songwriting aussi ouvert qu’exigeant. Avec ses chœurs féminins et masculins mêlés, la plage titulaire évoque autant le Ray Davies de “Village Green” et “Muswell Hillbillies” que Jeffrey Lewis, Jonathan Richman et le regretté Grant McLennan. Que des choses pas commerciales en somme, comme l’assénait notre cher Alain Souchon (et comme le pratiquent chez nous des cousins de cœur tels que Terry Brisack et Mathieu Boogaerts). Si au terme de l’apocalypse que l’on nous prédit avec insistance, le fameux monde d’après devait peu ou prou ressembler à cela, nous pourrions bien finalement en considérer l’option…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 1st 2021

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