Jam On Guitars

Magnatude – PR-2318-2
Rock
Comme d’hab, y’a des compils qui vous refilent ce que vous avez déjà entendu des centaines de fois, histoire de vous faire dépenser des sous pour rien, et puis y’a des compils que je qualifie d’intelligentes parce qu’elles vous refilent dans les neurones des titres que soit vous n’avez jamais entendus, soit perdus de vue et que vous avez un plaisir indéfinissable à retrouver et réécouter.
 
Prenez par exemple ce dernier titre de l’opus (ça commence bien, me direz-vous, on commence par la fin, mais la faim justifiant les moyens et le regretté Jerry Garcia y étant présent, je ne pouvais faire autrement que de commencer par ce titre là. Na!): ‘Starlite Jamboree’, un bijou de quatre minutes et seize secondes qui illuminera vos enceintes et votre salon comme aucun feu d’artifice ne le fera jamais – et n’essayez pas de comparer car vous risqueriez bien de foutre le feu à votre appart, en plus. Donc croyez-moi sur parole, c’est un bijou, et un tel bijou que finalement vous aurez compris pourquoi Magnatude vous l’offre au fond de l’écrin, comme dernier titre, car après cela, que pouvez-vous écouter d’autre, si ce n’est foutre à la benne une bonne partie de vos CD, rebrancher la vieille platine et poser religieusement sous le saphir un LP du Grateful Dead.
 
Revenons en à ce ‘Jam On Guitars’ qui vous propose, ‘Starlite Jamboree’ compris, douze pièces majeures de maîtres de la six cordes. Dans le désordre, et surtout pas par ordre alphabétik, vous retrouverez aux commandes: Michael Lee Firkins, l’incontournable Steve Morse, Alex Skolnick et Charlie Hunter en duo, Fareed Haque, Oz Noy et Mike Stern, Chris Poland, Will Bernard, Ed Wynne, et j’en passe, car sinon il me faudrait une demi-page pour tous vous les énumérer.
Certains viennent tous droit de la planète metal rock, d’autres de la planète fuzzzion, quelques autres du funk ou du rock mâtiné de jazz, mais tous ont en commun l’amour des manches bien astiqués et des cordes pincées jusqu’à l’orgasme. Sur certains titres, comme ‘Dance with the Music’, vous pousserez les meubles tant le funky va faire groover dans votre salon. Pensez à inviter les voisins car sinon vous ne pourrez pas pousser le volume à fond et s’il y a bien un conseil, précieux, que je donnerai à tout acheteur de cet opus, c’est de bien pousser les potards à fond pour que les enceintes en salivent de bonheur.
 
Passez-vous ‘Free In The Park’, avec Steve Morse à la gratte, ou ‘Flashlight’, avec Phil Upchurch au manche, et vous verrez qu’après ces deux titres là, plus rien ne vous semblera normal avec des enceintes non poussées à fond.
 
Quand à ‘Lake Shore Drive’ (7ème titre), gardez-le pour vous, en parfait égoïste, car vous avez avec ce morceau ‘le’ hit de vos soirées les plus sexy. Les deux sorciers que sont Chris Poland et Jake Cinninger vous proposent là un morceau à faire fondre la plus froide de vos conquêtes. Cela commence façon slow assassin avant que les deux gratteux ne fassent monter la température. La pression va ensuite devenir intenable, jusqu’à ces soli explosifs qui vont tout emporter dans un nirvana sans limites. Vous dire que votre partenaire entendra le solo de fin, je ne sais pas, mais si tel n’est pas le cas, gardez-le en réserve car il est mortel, lui aussi. Et vos enceintes, humides jusqu’au plus profond de leur féminité, le réclameront encore et encore. Alors, heureux?
 
Et dire qu’après tout ça vous avez encore droit à ‘Starlite Jamboree’, avec un certain Gerry Garcia accompagné de Bill Cutler et Mark Karan. Veinards que vous êtes.
 
‘Jam On Guitars’? Attention, orgasme musical assuré!
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
www.myspace.com/frankiebluesy

 

L’objectif annoncé de la maison de disques étant de faire connaître quelques uns des musiciens qui travaillent en ses murs, le moins que l’on puisse écrire après avoir écouté cette galette, c’est qu’il n’y a aucun manchot dans le lot…! Et que chacun des gratteux en question est digne de la plus grande attention.

Vous sont proposés onze morceaux extraits de onze albums tirés du catalogue de Magnatude/Magna Carta, et un ‘petit’ résumé de quelques uns de ces héros de la guitare s’impose donc. Impossible de vous parler de tous car il nous faudrait des pages et des pages, et je m’excuse d’avance auprès de ceux que je ne vais pas évoquer ci-dessous, en espérant que Magna Carta nous offre bientôt une seconde galette de ce type, afin que je puisse combler ce vide qui m’oppresse déjà.
 
Michael Lee Firkins: l’un des rares guitaristes blues du lot. Né en 1967 dans le Nebraska, il débuta avec Pat Travers, Jason Becker, et a 13 CD à son actif. Presque un novice, pourrait-on dire ironiquement, en comparaison du suivant sur la liste. Ceci étant, jouer de la guitare slide comme il le fait dans le morceau qu’il signe là, doit être le rêve de nombreux musiciens sur la planète!
 
Steve Morse: né en 1954 dans l’Ohio, on le connait surtout pour avoir été l’artiste qui a succédé à Richie Blackmore au sein du mythique Deep Purple, en 1994. S’il a participé à la réalisation de 11 CD et 9 DVD avec Deep Purple, il ne faut pas manquer d’additionner à cette quantité non négligeable de galettes les 12 qu’il sortit avec le Steve Morse Band, plus 2 concerts filmés, les 16 qu’il enregistra avec Dixie Dregs, plus 2 disques vidéos, les 3 avec Kansas et les 2 avec Living Loud, sans oublier un DVD. Avec Steve Morse, nous avons quitté le monde du blues de Michael Lee Firkins pour le rock- fusion.
 
Alex Skolnick, Charlie Hunter: à peine le genre musical précédent abordé, nous le quittons pour découvrir ici le jazz-fusion. Le premier de la paire Skolnick-Hunter n’est pas non plus en reste de galettes enregistrées. Bien que né un an plus tard que Michael Lee Firkins (en 1968, donc), il signe 7 CD avec Testamen, 2 avec Attention Deficit, 3 avec le Alex Skolnick Trio, 1 avec Michael Manning et 1 avec Savatage. Ce qui n’est tout de même pas rien, convenez-en!
 
Fareed Haque: l’exception à la multitude de musiciens anglo-saxons. L’exception qui confirme la règle que le talent peut se nicher n’importe où sur terre. D’origine pakistano-chilienne, ce musicien de jazz a déjà commis, lui aussi, quelques très bons disques, 8 pour être précis. Un guitariste à découvrir car je pense que vous serez à peine une poignée à l’avoir déjà entendu. Et s’il fallait vous donner un argument et un seul pour vous inciter à acquérir cet album, vous l’avez avec Fareed Haque : découvrir. Pour découvrir et découvrir encore.
 
Phil Upchurch: après avoir traversé différentes plages baignant dans la fusion, qu’elle soit jazz, rock ou soul, nous voilà de nouveau en contact avec un proche du blues, même si la musique proposée ici explore parfois quelques sentiers forestiers de jazz. Ceci dit, le fait d’être ici en compagnie d’un virtuose rend la ballade particulièrement passionnante!
 
Will Bernard: tout en écoutant le fabuleux ‘Dump Truck ‘ du Robert Walter’s 20th Congress, nous sommes allés recenser les albums de ce gratteux car on le sait productif, le Will Bernard. Et là, chose quasi inimaginable, c’est bien 54 albums qui sont cités dans la discographie du mec, sur son site, tandis que Robert Walter, grand adepte de l’orgue Hammond B3, en a enregistré, lui, au moins 17.
Il y a des moments, comme cela où l’on se demande ce que cela donnerait si l’on pouvait proposer un super coffret ‘rétrospective’ de quelques uns de ces guitaristes, façon coffret Miles Davis avec ses 56 albums.
 
Ed Wynne: l’exception british de cet ouvrage musical avec, de plus, 28 enregistrements au compteur. Un rock dont l’arôme parfume délicieusement le thé, un breuvage bien british que vous pouvez boire sans retenue et sans crainte du rock-éthylotest. A consommer sans modération!!!!
 
Bill Cutler: on ne compte plus ses créations musicales qui s’étendent de 1980 à nos jours. L’album dont est tiré le titre choisi pour cette compilation s’étant gravé sur plus de trois décades, vous comprendrez plus aisément pourquoi apparaît notamment le nom d’un des plus grands musiciens, et trop tôt disparu, Jerry Garcia.
 
Voilà résumé et commenté une partie de ce voyage initiatique. Les guitares, spectres et autres amplis ont encore de beaux jours devant eux et les exemples à suivre sont nombreux. D’une certaine manière, après ce ‘Jam On Guitars’ il n’y a plus qu’à vous y mettre à votre tour, à la six cordes.
 
Et si jamais l’envie vous prenait de répertorier tous les disques évoqués et de les acheter ensuite, pensez d’abord à faire de la place dans votre salon car rien que les 54 galettes de Will Bernard ou la totale des Steve Morse, ça en impose.
 
Une compil, c’est vrai, qui vous donnera une furieuse envie d’écouter pas mal de ces artistes.
 
Dominique Boulay
jam guitar