Rock 'n roll |
8ème album (déjà!) pour le très prolifique Hervé Loison, alias Jake Calypso, également leader des sulfureux Hot Chickens et figure de proue d’autres formations, entre blues, rockn’n’roll et rockabilly, un tantinet sauvage et sans concession. Figure tutélaire du groove et du feeling de la région Nord-Pas-de-Calais, qui n’hésite pas à franchir les frontières pour prêcher la bonne parole, Jake Calypso est l’archétype du showman, habité et généreux, suant sang et eau lors de ses nombreux concerts, souvent synonymes de performances physiques et vocales, tel un gladiateur dans l’arène, tel un chevalier lors d’une joute moyenâgeuse, héros magnifique du rock’n’roll et de ses causes perdues, pierre angulaire des utopies collectives propres aux teenagers, tout droit sorti de Dorian Gray, le roman d’Oscar Wilde ou du Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, dans la lignée d’un Vince Taylor, d’un Gene Vincent ou d’un Didier Wampas sous acides et les deux doigts dans la prise. Sur les planches, Jake Calypso se donne sans compter, se met parfois en danger, au risque d’y laisser sa liquette, ses lunettes, sa contrebasse et son intégrité physique tout en ruisselant de sueur inexorablement, comme une preuve si nécessaire du travail parfaitement accompli… Jake Calypso ferait presque passer Mick Jagger pour un vieillard statique souffrant d’arthrose ou Bruce Springsteen pour un ennuyeux septuagénaire, robotisé et déshumanisé, ayant recyclé la musique vivante et virevoltante au vestiaire de ses vestiges du passé. Chez Jake, le minimum syndical n’existe pas et son électrocardiogramme doit toujours être dans le rouge. Jake chante toujours le rock’n’roll comme si sa vie en dépendait, comme dans un état d’urgence absolu, comme si c’était la dernière fois… En matière de rock’n’roll, l’éventuel tricheur ou l’hypothétique usurpateur est très vite démasqué et cloué au pilori. Jake est capable de faire swinguer un caddy de supermarché, de faire twister un baril de lessive, mais sans le cadeau Bonux, ou de sublimer un acte notarié, qui serait lu par l’officier public et ministériel, en claquant des doigts et en tapant du pied. Il fait partie de la race des seigneurs hexagonaux (trop peu nombreux) toujours de ce monde et plus vivants que jamais, à l’instar des Tony Marlow, Little Bob, Benoît Blue Boy, Johnny Montreuil, Daniel Sani ou encore Viktor Huganet, la réincarnation d’Eddie Cochran et le fils spirituel de Brian Setzer…
Jake Calypso nous propose cette fois un opus d’une grande originalité (comme à l’accoutumée me direz-vous!), effectivement, avec 5 titres enregistrés au studio SUN de Memphis Tennessee (The Roots) et 5 titres enregistrés au studio Midnight d’Annequin dans le Pas-de-Calais. Pour la partie Memphis, la dream team se compose de Jake Calypso (vocal, guitar, harmonica), Willie “Too Big” Hall (drums), un batteur extraordinaire au CV diamétralement opposé à mon compte bancaire, qui croisa la route d’Albert King, Isaac Hayes, Little Milton, Rufus Thomas… et qui avait son rond de serviette, sa brosse à dents et ses pantoufles au studio Stax Records, Ben D. Driver (upright bass, bass guitar) et de Pat Péray (guitar, harmonica). En ce qui concerne les 5 derniers titres de l’opus (The Fruits), le line-up est identique, excepté Thierry Sellier, qui remplace Willie à la batterie. Thierry Sellier, le fidèle et talentueux complice des premiers piaulements chez les Hot Chickens, des premiers enregistrements entre Play Gene et Drunk, Dirty & Damned, avec la fameuse pochette en hommage au regretté Jacky, taulier du légendaire café-concert L’Oxford de Béthune et des premiers soubresauts et balbutiements de l’audacieux projet Jake Calypso, pour arriver au chef-d’œuvre absolu de 2017 en hommage à Elvis: 100 Miles (Rock Paradise/ Chickens Records). Quant à présent, toujours l’album de référence de la maison Calypso!
Au fil du temps et des albums, Jake a considérablement étoffé son style musical et son répertoire, pour faire ainsi quelques heureuses incursions vers le rockin’ blues du Mississippi, le boogie rural et primitif et le rockabilly 50’s. A l’écoute de ce nouvel album et de ses dix titres originaux, on ressent parfaitement toutes les influences qui ont biberonné Hervé Loison, allant de Charlie Feathers à Hasil Adkins, en passant par Johnny Burnette, sans oublier Dr Ross, Joe Hill Louis, Son House ou encore R.L Burnside… C’est tellement bien réalisé et Jake s’avère tellement crédible dans cette nouvelle direction musicale, qu’on pourrait presque penser que dans un délire schizophrénique incontrôlable et incontrôlé, il confond Graceland avec le beffroi d’Arras, le Stax Museum de Beale Street avec la réserve naturelle régionale des marais Cambrin, les ribs marinés à la Mexicaine de Clarksville avec la fricadelle de Béthune, ou encore le club omnisports des Commodores de Vanderbilt, avec le Racing-Club de Lens, antre dans lequel résonne sempiternellement les corons de Pierre Bachelet.
Le présent album, d’une réussite totale, est bien évidemment qualifié d’INDISPENSABLE par la rédaction de Paris-Move. Pour le moment, il est disponible en version CD et dans les prochaines heures, voire les prochains jours, il sera également disponible en version vinyle. On peut le dégoter chez Rock Paradise (42 rue Duranton, 75015 Paris, métro ‘Boucicaut’), endroit où Jake Calypso, comme chaque année, sera en showcase exceptionnel, en solo et en hommage à Elvis Presley, pour l’anniversaire de sa disparition prématurée du funeste 16 août 1977. Ce grand rendez-vous incontournable se déroulera le samedi 31 août 2024 à partir de 14h00, au sein de l’échoppe de l’ami Patrick Renassia, showcase décalé de quelques jours en raison des J.O. Pour les plus téméraires, vous pouvez venir jusqu’aux berges du 15ème arrondissement, en bravant à la nage les eaux boueuses du grand fleuve sacré, non pas le Mississippi, mais la Seine. Avec un minimum d’imagination, vous pourrez même croiser les nombreux bateaux à roue à aubes en amont et en aval de la Seine, voire quelques alligators fans de blues, affamés et les crocs acérés. Bien entendu, les plus courageux d’entre vous auront la bénédiction sans faille et l’estime incommensurable d’Anne Hidalgo et d’Amélie Oudéa-Castéra!
Serge SCIBOZ
Paris-Move
PARIS-MOVE, August 19th 2024
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Rock Paradise: 42, rue Duranton, 75015 Paris. Métro “Boucicaut”.
Tracklisting:
SIDE The Roots
The Only Thing to do is Play Boogie
My Screaming Baby
Take a Load Off
Royal Crown Hair Dressing
Humble Boy
SIDE The Fruits
A Rockin Rendez Vous
Let’s Rock Tony Rock
Tiptonville Boy
Welcome to Cozy Dog
Dancin’ Wuth the Cockroache
Rendez-vous incontournable Samedi 31 août 2024 à partir de 14h00 à Rock Paradise, 42 rue Duranton, 75015 Paris, métro ‘Boucicaut’: