JACK BON & THE BUZZMEN – Love, Peace, Rock & Roll

Pub Rock
JACK BON & THE BUZZMEN - Love, Peace, Rock & Roll

Pour paraphraser certain agent secret au service de Sa Gracieuse Majesté, son nom est Bon, Jack Bon… Et nonobstant le fait que si ses parents l’avaient plutôt prénommé Jean, sa vie serait devenue un long calvaire, ce bon Jack n’a jamais décliné une seule mission depuis sa prise de fonction. Avec le fleuron du boogie-rock lyonnais, d’abord: Ganafoul (de 1974 à 1981, et six albums au compteur, dont un live de reformation ponctuelle en 98). Puis en solo (un album blues remarqué chez Frémeaux en 2002), en duo (“Low Class Blues” chez LMI-Mosaïc en 2010), avant que la formule trio ne le reprenne (“Colors Of Blues” en 2015, puis “Standing Rock” en 2018). C’est en quartette renouvelé qu’il nous revient à présent, et le moins qu’on puisse en dire, c’est qu’il n’a rien perdu de son légendaire mordant. Dès la piste d’ouverture (une cover du “Stop Breaking Down” de Robert Johnson), on distingue qui fait le quatrième larron: Antoine Piedoz, harmoniciste de son état, ancre d’emblée l’affaire en territoire rockin’ blues, tandis que les trois mousquetaires qui l’entourent évoquent autant ZZ Top qu’un Keith Richards en rut (cette implacabilité dans le riff). Deux pas de côté, et “She’s Drunk All The Time” nous téléporte en territoire pub-rock millésimé. Rythmique pète-sec façon Sparko et Big Figure, et gratte tranchante à la Wilko Johnson, sur un twist-beat genre “The More I Give”: bon Dieu, Jack Bon et son gang s’avèreraient-ils donc aussi capables de ressusciter Dr. Feelgood? C’est en tout cas ce que suggère également la plage titulaire, entre Gypie Mayo circa “Case Of The Shakes” et le Bon Scott de “T.N.T.” (décidément, tout est Bon dans ce disque). Piedoz s’y fend d’un solo au ruine-babines digne de ce grand cramé de Lew Lewis, et l’auditeur se surprend à headbanger comme l’ado qu’il fut jadis. Bon Dieu, et si c’était là que réside le véritable miracle du rock n’ roll: la formule de Brel dans “La Chanson Des Vieux Amants”: savoir vieillir sans jamais devenir adulte? Jack a déjà maintes fois attesté son admiration pour Elliott Murphy, et il le pastiche ici avec talent pour ce “More Than Silver & Gold” (que l’on jurerait issu aussi du répertoire du regretté Willy DeVille), ainsi que “He’s A Refugee”. On parle ici de l’aristocratie du pavé, et ceux qui savent de quoi il retourne s’y reconnaîtront. Je vérifie les crédits, et ces deux perles sont bel et bien signées Jack Bon. Mince alors, quand on songe que le rock made in Frankreich a du essuyer six décennies de quolibets avant de parvenir à moucher à ce point les persifleurs: la vengeance doit être un de ces mets qui se dégustent moisis! La touche Wilko repasse les plats avec “Rolling Down The Gutter”, dont les vocaux épousent presque autant les maniérismes que ne le font cette guitare arrachée au rasoir, cet harmo digne de feu Lee Brilleaux et cette section rythmique de petites frappes impavides. Le “I’m Tore Down” de Sonny Thompson appartenait aux répertoires respectifs de Freddie King et Dr. Feelgood, et devinez vers laquelle de ces deux options incline la version ici présente? Autres professions de foi(e) signées Bon, les épiques “Rock Till I Drop” et “Poor Man Free Man” n’auraient déparé ni le répertoire d’Eddie & The Hot Rods, ni celui des Inmates, et cela devrait vous suffire pour viatique. Une version quasi-latino du “Death Don’t Have No Mercy” du Révérend Gary Davis (que Hot Tuna avait érigé en hymne) précède un hommage aussi sincère que poignant à papa Chuck, qui nous a quittés l’an dernier. Si les versions qu’en restituèrent Stones et Groovies demeurent indépassables, celle d'”Around And Around” que proposent Bon et son gang de flibustiers rend autant justice à l’original qu’à l’esprit de Canvey Island (avec son pont emprunté au “Tequila” des Champs), et c’est suffisant pour satisfaire les clampins lambda que nous sommes plus ou moins tous demeurés (métalleux bornés mis à part). Après plus de quatre décennies à osciller entre boogie, blues et rock n’ roll, Jack Bon a enfin pris sa décision: les trois, mon Général! Pas mieux…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 14th 2021

:::::::::::::

L’album est disponible chez les disquaires suivants:
• Dangerhouse – 3 Rue Thimonnier, 69001 Lyon – SITE WEB
• Gibert Joseph – 6 rue de la Barre, 69002 Lyon – SITE WEB
Ventes par correspondance: Antoine Piedoz, par tél au 06 29 05 15 27 ou par e-mail: piedozantoine@gmail.com