JAAKKO EINO KALEVI – Out Of Touch

Weird World / Domino
Synth-Pop
JAAKKO EINO KALEVI - Out Of Touch

Certains commentateurs prétendent ces jours-ci que le confinement est une sorte de rendez-vous avec soi-même. Dans mon cas, c’est surtout l’occasion de tenter de rattraper mon retard, en piochant dans la pile sans cesse renouvelée des CDs en attente de chronique. Celui-ci accuse déjà ses 17 mois d’affinage, et me confronte à deux citations célèbres: “you can’t judge a book by its cover” (Willie Dixon via Bo Diddley), et “la vie, c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais quel parfum on va piocher” (Forrest Gump). Car, sans doute égaré par la similitude de son prénom avec celui de Jacco Gardner (et peut-être aussi par le nom de son label), j’imaginais confusément Jaakko Eino Kalevi en nouveau prophète psycho-new age. Ce qui démontre une fois encore à quel point les a priori peuvent s’avérer trompeurs! Car s’il s’appuie effectivement sur des machines et accomplit seul la majorité du travail instrumental, Jaakko ne s’en tient pas moins à distance résolue de l’ambient music vers laquelle son usage effréné du synthé et des boîtes à rythme pourraient le porter. On mesure l’étendue de sa méprise dès le “China Eddie” introductif, qui propose l’improbable rencontre entre le Bowie de “Scary Monsters” (la voix) et le Steely Dan de “Aja” (production léchée, beat groovy, saxo “traité” et chœurs soulful)! Le reste est à l’avenant, entre Christopher Cross (“Outside”), Donald Fagen (“Conceptual Mediterranean”), Michael Franks (“People In The Center Of The City”), Alan Parsons (“This World”), le Robert Palmer de “Clues” (“Fortune Cookie”) et le David Bowie de “Tonight” (“Emotions In Motion”, “Ballad Of A Cloud”, “Night Chef”, “Lullaby”). Tentons donc une ultime étiquette en guise de conclusion: du yacht-rock synthétique? Il reste du daïkiri?

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 13th 2020