J.P. Ranger – Living Here

J.P. Records - 2008
Rock
La belle, très belle surprise de cet album vient du fait que non seulement vous allez découvrir en J.P. Ranger (J.P. pour Jean-Pierre) un guitariste-chanteur à la voix chaude autant à l’aise sur des chansons pop que sur des titres plus soul ou diablement plus rock, mais vous allez apprécier un véritable auteur-compositeur qui sait ciseler ses textes pour les faire glisser avec saveur sur des musiques bien balancées. Les fans d’interminables soli de guitare qui s’étirent en longueur en seront ici pour leurs frais car tout est ajusté, comme du travail d’orfèvre, et quand solo il y a, il est précis, net, placé où il faut, quand il faut, quand ce n’est pas en intro, comme sur ‘Caroline’. Sans être un songwriter pur et dur, J.P. Ranger ne se contente toutefois pas d’écrire de jolies chansons, faisant passer, quand il le faut, son message, que ce soit par rapport aux USA ou à la défense de la planète.
 
Autre très belle surprise, les musiciens qui accompagnent J.P. Ranger sont indéniablement à la hauteur du projet: la rythmique, composée de Louis Bétournay à la basse et de Gilles Cholette à la batterie et aux percus, est impressionnante d’efficacité et de discrétion à la fois. Vous les entendez constamment et en même temps ils ne vous envahissent pas l’espace, ouvrant la route à la voix et aux guitares. Du travail d’orfèvre, je vous l’ai déjà dit.
 
Côté guitares, c’est lumineux, limpide, car cela coule de source, enrichi par quelques touches ou très légères nappes de claviers assurés par un brillant Sylvain Dubois. Sûr que les envolées des six cordes, comme sur ‘Princess of The Stars’, ne s’étirent pas en longueur, mais à chaque fois ce sont des riffs parfaitement bien placés, légers ou enflammés, et qui feront regretter aux amateurs de guitares incendiaires que le Alain Labelle ne se laisse pas un peu plus aller, mais n’est-ce pas là le savoir faire des grand-maîtres que de donner le juste comme il faut…?
 
Pour ma part j’ai craqué sur deux titres vraiment punchy et qui vous fichent une sacrée baffe: ‘Burning Up’, au rythme plus rock que pop et que des groupes comme Foreigner auraient sans doute bien aimé avoir composé, avec une super intro à la guitare acoustique et un (court) solo de guitare électrique assassin, et puis la superbe chanson ‘America’. Une chanson dont la guitare rythmique vous tiendra par les tripes, car plus J.P. Ranger chante et plus cela vous prend là, puis là, pour ne plus vous lâcher, jusqu’à ce solo de guitare qui succède au refrain simple et intense à la fois, avec pour seules paroles ce seul mot, ‘America’.
 
Sur les dix titres proposés sur ce ‘Living Here’, neuf sont en anglais et un en français, un ‘Brûlons’ aux paroles intenses qui témoigne de l’attachement de J.P. Ranger à sa terre, à la Terre, à la Nature et à ces destructions que l’Homme s’acharne à poursuivre, en se moquant des conséquences désastreuses de celles-ci. Une âme d’écolo et des paroles acides, voilà notre J.P. Ranger en véritable songwriter, en auteur-compositeur révolté, et je voterais volontiers pour que ce ‘Brûlons’ devienne la bande-son d’un film sur la défense de la Planète. Un titre qui clôture l’album et vous fera illico réfléchir à ce que vous allez faire après. Comme une chanson-conscience qui ne vous quittera plus.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
J.P. Ranger