Indie rock

Tiers à lui tout seul de Dinosaur Jr (d’aucuns l’en considérant tour à tour le leader, ou le pendant débonnaire et héroïque de l’évanescent Lou Barlow), le dénommé Joseph Mascis est une curiosité en soi. Le genre de guitar-hero dont la virtuosité proprement ébouriffante ne prend jamais le pas sur une teenage angst d’autant plus stupéfiante qu’elle aborde désormais les rives sexagénaires. Pour son cinquième album solo à ce jour, il aligne moult de ces soli aussi lyriques que risqués dont il est coutumier, sur une trame power-pop soutenue par des rythmiques acoustiques, tout en y incorporant ses propre parties de basse et ruades de batterie. S’adjoignant les services ponctuels de Matthew Dunn (pedal-steel) et Ken Maiuri (claviers), Jay livre dix pépites intemporelles, dont certaines n’auraient pas déparé le premier effort solitaire de Jerry Garcia voici un bon demi-siècle. Les renversants “Can’t Believe We’re Here”, “You Don’t Understand Me”, “It’s True” et la plage titulaire ont beau sonner comme des out-takes des Byrds de “Untitled” (voire “Right Behind You”, “I Can’t Find You” et “Set Me Down” comme des chutes du “Third” de Big Star, ou “Hanging Out” et “End Is Gettin Shaky” pour des inédits de Jorma Kaukonen circa “Quah”), voici un disque aussi inclassable que paradoxalement vif et juvénile. Passé la première impression d’un foisonnement quelque peu brouillon (séquelle de l’éthique lo-fi d’il y a déjà trente ans), Mascis privilégie la spontanéité et l’énergie, au service d’une émotion palpitante et communicative. Si l’on ajoute que son drumming se révèle enthousiasmant, on tient là l’un de ces grands albums de guitar-songwriter, comme en produisaient Pete Townshend au temps de “Who Came First” (le mysticime pontifiant en moins), et Neil Young période “Zuma”. Pas si mal, en 2024, non?

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, March 17th 2024

::::::::::::::::::::::::::