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Contrairement à ce que semblait indiquer notre ami Philippe Ménard quand il s’annonçait “En Cavale”, le kaval n’a rien d’une fuite, mais tout d’une flûte. Mais il ne s’agit toutefois nullement de votre flûte à bec boisée (réminiscente pour beaucoup de pénibles leçons de solfèges scolaire), non plus que de la flûte traversière, de la flûte de Pan, ni de celle des Andes (ni de la quena, ni du doudouk si cher à Didier Malherbe), non. Adepte de cet instrument d’Europe Centrale depuis des lustres, Isabelle Courroy en est non seulement devenue virtuose, mais aussi la zélatrice. Première femme soliste des flûtes obliques kaval, interprète, compositrice et arrangeuse, elle travaille sur la puissance viscérale du souffle, tandis que la fluidité et la plasticité de son jeu intègrent les dimensions à la fois archaïques et contemporaines de ses instruments. Médaille d’Or de flûte traversière au C.N.R de Marseille, elle s’est en effet d’abord orientée vers la musique contemporaine (musicienne de l’Ensemble MC2, flûte solo de l’Orchestre Musicatreize), mais la découverte des flûtes kaval fit basculer son parcours musical. Pionnière passionnée des flûtes kaval de Bulgarie et d’Anatolie (inconnues jusqu’alors en Europe Occidentale), elle en devient l’ambassadrice et une interprète emblématique, transgressant en douceur les codes fortement imprégnés de la virilité archétypale traditionnellement associée à ces instruments. Elle innove également dans le domaine de la lutherie, en collaborant avec le facteur de flûtes Riccardo von Vittorelli, et invente ainsi de nouveaux instruments: les kavals de cristal, les kavolutes, kavals serpents, mobile et trident harmoniques… Elle enrichit aussi le répertoire de nouvelles œuvres contemporaines qu’elle commande à d’autres compositeurs, et initie, fédère et rejoint ainsi de nombreux projets de création. Elle mène une carrière internationale, et sa discographie est saluée par l’Académie Charles Cros, les Victoires de la Musique, le Diapason d’Or, ffff de Télérama et Choc du Monde de la Musique. À l’occasion de la création discographique du troisième volet de sa trilogie des “Confluences”, L’Oreille Buissonnière et Buda Musique se sont associées pour créer un objet unique, rassemblant en un seul coffret les trois albums consécutifs “Confluence #1.2.3” d’Isabelle, assortis d’un livret bilingue richement documenté de 40 pages (et illustré par le travail photographique de Ralph Louzon, qui a suivi les étapes de fabrication des kaval de cristal). Aux confins des musiques traditionnelles et sacrées d’Arménie, de Grèce, de Bulgarie et de Turquie (qu’elle explore sur les #1 et #2), et de l’expérimentation d’avant-garde (le #3, essentiellement instrumental), voici donc un recueil exigeant. Un authentique manifeste, en somme.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, November 5th 2024
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“Un éloge de l’oblique – Confluence #1-2-3” est à commander ICI