| Jazz |
De sa formation scientifique initiale (elle est titulaire d’un doctorat en physique et biologie moléculaire), la chanteuse et pianiste italienne Irene Amata a conservé le goût du travail, de la constance et de la minutie. Révélée au public parisien au sein de deux duos distincts (Sambuca, qu’elle formait naguère avec son compatriote guitariste à sept cordes, Roberto Stimoli, dans un registre brésilien, après Canzo Italiane avec le pianiste jazz Nicola Sergio), elle opère un virage décisif en formant à présent son propre jazz quartet, à la tête duquel elle propose onze originaux signés de sa main. La bossa n’en est cependant pas absente, comme en attestent le “Solo Tu” d’ouverture et l’éblouissante plage titulaire. À ceci près que le choix assumé du Portugais qui présidait au répertoire de Sambuca se voit désormais substituer la langue maternelle d’Irene, qui lui venait plus spontanément aux lèvres quand elle composait en solitaire à son propre clavier. C’est à l’excellent Fady Farah qu’elle délègue toutefois ces ivoires, au fil d’un album où le lyrisme de ce pianiste virevolte sur les trames subtiles et sensuelles qu’y instillent le contrebassiste Maurizio Congiu et le batteur Jean-Baptiste Perraudin. Patiemment élaborées dans l’intimité de son appartement parisien (au cours d’un processus de pas moins de sept années), ces onze pièces se sont affinées de leur orchestration vibrante et collective au fil de répétitions et de concerts, avant leur captation studio en novembre dernier, au Studio La Menuiserie de Noisy-le-Sec. Hormis “Confined” (se référant au traumatisme consécutif à la récente pandémie) et “With Joy”, ce répertoire confirme à quel point l’Italien se prête merveilleusement à la scansion jazz. Tour à tour languide (“Inzi”, “Sogno” et “Un Suo Sguardo” avec leur délicat dialogue piano-contrebasse, ou encore “Lasciami Andare” et son étourdissant clavier ascensionnel) et tendrement enjoué (“Coloriamo”, “La Vita Nel Mare” ou encore “Parlami De Te”, sur lequel scintille à nouveau un Farah en lévitation), voici donc un enregistrement d’un souffle captivant et d’une permanente inventivité, révélant une vocaliste et une autrice-compositrice de premier ordre, servie par un trio de musiciens aux petits soins.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, July 12th 2025
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En concert le 29 septembre prochain au New Morning, à Paris
Première partie: Caio Marcio Santos (guitare) et Matheus Donato (cavaquinho)