Jazz

Pour son quatrième album à ce jour, la vocaliste Indra Rios-Moore poursuit son exploration des répertoires classic rock, jazz & folk, dont elle persiste à chambouler les codes. Toujours entourée du saxophone volubile de son mari Benjamin Traerup et du contrebassiste Thomas Sejthen, elle enrichit sa palette sonore des claviers bien tempérés de Rune Borup (également producteur), ainsi que de la batterie subtile d’Anders Vestergaard et des six cordes de Soren Bigum. Dès la plage titulaire d’ouverture (adaptation par Josh White d’un poème de Langston Hugues), le ton est donné. Entre Sister Rosetta Tharpe et la grande Odetta, Indra en restitue toute la ferveur militante, mais c’est sur ses propres “Gimme Some Of That Joy” et “Oh Love” qu’elle tutoie les sommets que fréquentaient d’autres high flying ladies telles que Randy Crawford, Aretha Franklin ou Roberta Flack. Toujours aussi déterminée à l’affirmative action, elle adapte encore les manifestes folk “Eyes On The Prize” et “There’ll Be Some Changes” (selon une approche que n’auraient sans doute désavouée ni Tracy Chapman ni Joni Mitchell), avant de proposer son propre “Walk On The WIld Side” (distinct de celui de Lou Reed), tandis que ses comparses prennent leur essor dans le registre swing où ils excellent. Après une relecture proprement transcendante du “Long As You’re Living” d’Oscar Brown Jr, celle du standard “Keep On The Sunny Side” prodigue le baume que son titre implique, et celle du “I Won’t Back Down” de Tom Petty témoigne si besoin était qu’une bonne chanson peut toujours s’accroître d’arrangements nouveaux. Elle conclut sur une version dépouillée du “You Are So Beautiful” de Billy Preston (que popularisa Joe Cocker), avec pour seul soutien le sax de son mari et la contrebasse de Sejthen. Ne passez pas à côté de cette révélation: Indra Rios-Moore est assurément l’une des plus émouvantes chanteuses actuelles.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 11th 2022

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