Entrons dans le vif du sujet, augmentons le volume de l'ampli, qualité d'enregistrement irréprochable oblige, nous sommes en phase directe, branchés sur ‘haute tension’. Voici ‘In Volt and friends’, le premier album du rock blues power français In Volt, formé en octobre 2007.

Jérôme Gauthier, au chant et toujours sur le ‘In’ de la pédale de ses guitares du luthier Grégoire Damico, Sylvain d'Almeida (basse) et Jean François ‘Jeff’ Panissier (batterie), impriment le rythme d'entrée avec cette première composition, ‘Did you ever feel so lonely’.

Complice des premiers jours, le guitariste Stéphane Waltzer intensifie le trio blues-rock, déjà fortement vitaminé, sur ‘I just want to make love to you’ (Willie Dixon), ‘I'll do my best-king bee’, et ce puissant ‘I'm so sorry’ qui donne libre cours à toute l'efficacité de Sylvain, le bassiste.  

 

Avec ‘and friends’, l'opus est bien nommé et annonce la couleur avec tout d’abord à l'harmonica, Jean Marc Hénaux, du groupe Shake your Hips (les présentations sont faites!!), magistral sur ‘Down in a hole’ et ce ‘Come back later’ et ses 7 minutes 28 d'intensité partagées avec la magie de Laurent Daire au clavier. Un pur moment d'extase!

Un Laurent également présent sur le monstrueux ‘Born to be wild’, titre entré dans la légende avec le film Easy Rider, revisité et mené à un train d'enfer par un Jérôme Gauthier survolté.

 

Restons dans le mythe, accompagnés sur cette ‘Route 66’ (Bobby Troup), par la jeune talentueuse et prometteuse harmoniciste Rachelle Plas. Continuons avec elle sur ‘Trust me again’, pétillant concentré de blues, et terminons sur ‘Blues in E’, petit filet de gaz acoustique.

 

Un coup de maître, un coup de cœur que ce ‘In Volt and friends’, avec ses 10 titres dont 7 compositions du groupe.

Mais le temps passe toujours trop vite lorsque l’on est en bonne compagnie. Un coup d'œil dans le rétro, demi tour, je r’appuie sur ‘start’ et me relance à fond vers ces grands espaces.

 

Alain Betton

Dire qu’aux premières notes je n’ai pas pris un uppercut de plein fouet serait mentir tant le combo en envoie, et grave. Les guitares sont énormes, affutées comme des lames de rasoir, aguicheuses genre sorcières suceuses de serpents bien venimeux. Côté rythmique c’est du lourd, du carré, du ‘je ne suis pas là pour plaisanter’, du béton armé renforcé. Style indestructible, avec une basse qui pourtant ose se balader quand ça lui chante.

 

Mais l’ensemble est tout d’un coup comme fragilisé, fissuré dans son intégrité musicale par la voix d’un chanteur qui a sans doute fait tout ce qu’il a pu pour pallier l’absence ou le départ d’un ‘vrai’ chanteur. C’est comme un superbe soufflé que l’on a vu monter, gonfler, prendre des couleurs et d’un coup s’effondrer.

Et dire qu’à côté de cela le combo avait invité des ‘friends’, des amis zikos pour enjoliver le tout et lui donner des couleurs et de beaux parfums. Quand on pense que deux harmonicistes talentueux, Jean-Marc Hénaux (des Shake Your Hips) et Rachelle Plas, ont tout donné de leur ruines-babines sur la moitié des titres de cet opus, que Laurian Daire y est allé de ses claviers sur trois titres, dont le monumental ‘Come Back Later’, et que Rodolphe Perroquin avait apporté ses baguettes pour cogner les fûts sur ‘Route 66’, on se demande encore pourquoi Jérôme Gauthier n’a pas laissé la place à un ou plusieurs ‘guests’ pour assurer le chant. J’imagine, ou je n’ose imaginer, ce qu’auraient donné les ‘Did you ever feel so lonely’ et ‘Down in a hole’ chantés par Freddy, des Shake Your Hips, ou ‘Trust me again’ et ‘Blues in E’ chantés par Hervé ‘Bannish’, du Blues Power Band. Et qu’aurait donné le mythique ‘Born to be wild’ chanté par Alexx (de Alexx & Mooonshiners) ou Nina Van Horn? J’en frissonne d’avance.

 

Ha, si seulement les In Volt avaient poussé leur concept de ‘In Volt and friends’ jusqu’au bout et avaient invité un ou plusieurs chanteurs. L’album aurait non seulement été excellent, mais l’un des plus gros poids lourds de la fin 2009 et de ce début 2010.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer
www.myspace.com/frankiebluesy