Ilène Barnes – Three Sides

I.C.Music - Discograph
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Attention, l’interprétation de ‘House Of The Rising Sun’ que nous offre l’artiste américaine dés que la galette se met à tourner, est fabuleuse! Elle réussit l’exploit de vous procurer l’impression que c’est la première fois que vous écoutez cette chanson aux mille et une versions connues. Elle la transfigure et la transforme de manière telle que prévaut le sentiment qu’il s’agit de quelque chose de nouveau, né hier de l’imagination d’un nouveau génial compositeur. Et cette étrange impression est confortée par l’extraordinaire version qu’elle nous propose ensuite de la chanson de la Canadienne Joni Mitchell, ‘Big Yellow Taxi’, revisitée, pour l’occasion, par sa voix de diva.
Les orchestrations, la voix chaude et sensuelle d’Ilene Barnes vous procurent des frissons qui n’ont rien à voir avec la montée de la température de la pièce! C’est un peu comme si l’on se trouvait dans une très petite chapelle du sud profond des Etats Unis dans laquelle la foule des fidèles chanterait à la gloire d’un nouveau messie.
Ilene Barnes jongle à merveille avec les différents registres et se rit merveilleusement de l’aigu comme du grave. Utilisée comme un instrument spécifique, la voix sait se poser, avec talent, dans toutes les tonalités des touches du pianiste ou sur les notes de sa guitare. La suivre dans ses envolées vocales est un vrai moment de bonheur. Ilene a une voix qui chante le blues, le jazz, le gospel et les ballades d’une manière telle que vous ne pouvez que rester pétrifié, scotché et assommé par vos enceintes.
La première facette de l’ouvrage se termine par la reprise de ‘This Wheel’s on Fire’, de Dylan. Tout se joue sur le terrain de l’émotionnel et la voix de la chanteuse sait explorer les atmosphères qui perturbent les sentiments. L’album se décline d’ailleurs en trois chapitres distincts: le premier, à propos duquel nous venons d’écrire les quelques lignes ci-dessus, est constitué des trois reprises qu’elle renouvelle avec brio. Pour constituer le second chapitre de cet album, l’artiste a décidé de réinterpréter des compositions personnelles qu’elle a réenregistrées, pour l’occasion. Et je défie qui que ce soit de rester de marbre devant sa nouvelle version de ‘C’est La Vie’. Avec le recul provoqué par l’expérience acquise lors de ses très nombreuses prestations ‘Live’, sa maturité et son professionnalisme, Ilene Barnes suscite à nouveau le sentiment que nous avons à faire à de nouvelles compos. Et la surprise, une fois de plus, n’en est donc que plus grande.
Quand elle décide de refermer l’ouvrage, c’est pour nous proposer six morceaux captés ‘live’. L’occasion de la découvrir dans différents registres derrière lesquels se cache toujours une femme qui ne peut néanmoins s’empêcher de nous apparaître une et unique dans son expression artistique.
Un talent, un feeling incrusté au plus profond de sa chair crédibilisent cette chanteuse de manière très prégnante et indélébile. La sincérité émane de cette femme de manière indéniable.
En voilà une qui sait chanter comme son cœur bat….et qui va rapidement devenir aussi essentielle pour nous que l’air que nous respirons.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine

 

Première surprise, celle d’un CD proposant trois faces. On savait que les bons vieux 33 Tours en avaient deux, mais comment un CD en allait-il aligner trois…? Une fois de plus, la plus française des chanteuses américaines nous attendait au tournant avec son nouvel album, ‘Three Sides’, trois faces.

Première face, donc, avec trois titres, dont le premier, une exceptionnelle version de ‘House of the Rising Sun’ à vous faire croire que c’est elle qui a écrit ce morceau. C’est monstrueux et d’une vitalité à lui demander à nous revisiter tous nos classiques, et dans l’urgence. La voix vous perfore l’âme tandis que le rythme endiablé vous fera monter le son jusqu’à ce que le voisinage dépose plainte pour ensorcellement barnesque. Cela vous rentre dans le bide façon coup au foie d’un champion du monde de boxe, catégorie poids lourds, et vous laisse KO debout. Un KO que vous digérez tant bien que mal avec le ‘Big Yellow Taxi’ de Joni Mitchell, le second titre de cette première face, qui vous pousse dans le taxi jaune tandis que la belle Ilene Barnes se fait chauffeur, vous conduisant au pied d’un autre monument de cet opus, le sublime et dylanien ‘This Wheel’s On Fire’.
Trois reprises pour trois versions d’enfer qui suffisent à elles seules à justifier l’achat de ce nouveau bijou qu’est ‘Three Sides’.

La seconde face commence, elle aussi, avec un truc à vous arracher les fibres les plus sensibles de votre cœur de gros macho, ‘C’est la Vie’. Enorme, réellement énorme, la chanson vous prend aux tripes, vous les tord comme une vulgaire serpillère, faisant luire aux coins de vos yeux les larmes les plus fines et les plus sensuelles de votre vie, car oui, incontestablement, c’est la vie.
Sûr que les aigris et autres scribouillards qui se la jouent rédac en chef (sans casquette de chef de gare) vous diront que Ilene Barnes ne s’est pas foulée en reprenant pour cette seconde face trois titres de son propre répertoire, mais la force de cette face, justement, est que l’artiste ne ‘reprend’ pas ses chansons, mais se les réapproprie, les ingurgite pour vous les offrir en douceur, avec délicatesse et finesse. Ecoutez cette superbe version de ‘Lilie’s Song’ et vous ferez comme moi, vous vous la remettrez encore et encore, comme pour que jamais, jamais le rêve, la caresse ne s’efface. Le piano à lui seul vous collera plein de frissons tandis que la voix d’Ilene se fera tigresse et vous emmènera avec elle, dans la jungle de ‘Sticks and Stones’.

La troisième face, arrivée presque trop vite, après les six premiers titres des deux premières faces, ne vous ‘propose’ pas, mais vous ‘offre’ 6 titres enregistrés en ‘live’ et encore jamais présentés. Six interprétations inédites qui vous feront comprendre combien la belle Ilene est bête de scène, féline à l’affût et à laquelle personne ne peut échapper. Les amateurs apprécieront les superbes versions de ‘Time’ et ‘Deep’, entre autres, sans oublier ce monument d’émotion qu’est ‘Please’ sur lequel la voix d’Ilene Barnes passe par toutes les couleurs de la voix féminine.

Une troisième face qui illumine un opus qui tranche par son originalité, sa qualité, sa beauté. Comme un coup de griffe dans le paysage musical actuel. Un coup de griffe assassin comme seules savent en donner les plus farouches tigresses. A quand le prochain…?

Mortel, tout simplement mortel !

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris-Move, Blues Magazine (fr), Blues Matters (UK)
Ilene Barnes