Rock |
Les imbéciles qui n’achètent leurs CDs qu’en fonction de la pochette ne risquent certes pas de se ruer sur celui-ci. Comme les surdoués du sans-faute exaspèrent tout le monde, ILL RIVER a bien pris soin de foirer l’artwork du recto de sa jaquette (c’est quoi ça, le négatif de celle initialement chosie ?). Ce qui leur laisse toute latitude pour accomplir l’un des plus chouettes premiers albums qui me soient tombés entre les esgourdes depuis perpète. Dès “Smile For The Picture”, ces jeunes gens abattent leurs meilleurs atouts. Un vocaliste expressif, doublé d’un parolier réellement inspiré (entre Ian Hunter et Jackson Browne), des guitares et des riffs immédiatement accrocheurs, une rythmique souple mais néanmoins aux aguets (façon Black Crowes), et un claviériste en embuscade. Tandis qu’on les défie mentalement de maintenir la barre à ce niveau, ils assènent leur ace in the middle avec “Lucky Guy”. Le genre de bombinette dont Bob Seger ou Tom Petty auraient fait un hit mondial en leur temps: une love-song arrimée à des riffs stoniens en diable, avec un refrain à lécher l’intérieur du goulot. Passé un diddley beat politisé digne des premiers Pretty Things (“Hurt You”), le sextette lève le pied, le temps pour son leader Cary T Brown d’émettre quelques considérations philosophiques de comptoir (“On My Mind”, “Janey” et “Little Strings”), mais aussi l’occasion pour son partenaire et lead guitarist Stéphane Bonacci de brandir le surin que son patronyme laissait envisager. Un guitar hero sensible dans l’Hexagone, et on nous avait caché ça ? Aurélien Boilleau co-signe et partage les vocaux de “Once Upon A Time” (aux accents early-Eagles), avant que la paire Brown-Bonacci ne referme le ban sur le grandiose “My Favorite Season”. La mienne, de saison préférée, c’est celle où éclosent des disques comme celui-ci : organiques et portés par un souffle profond de sincérité. Foncez !
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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