Livre

De “Money, Money, Money”, le New Musical Express, journal qui termina sa carrière d’emballage de fish and chips un beau jour de 2018, a écrit ceci: “ce titre est d’une mauvaise qualité flagrante”. Nous sommes en 1976: ABBA est alors la deuxième exportation suédoise après Volvo. Jean-Marie Potiez, biographe officiel du groupe pour les pays francophones, nous explique en 200 pages et avec la bonne mauvaise foi de l’amoureux transi comment Agnetha, Björn, Benny et Anni-Frid (“Frida”, enfant de la honte avec l’occupant allemand, nous rappelle-t-on dès la première page) se sont imposés dans un univers pop réputé imperméable aux artistes non anglo-saxons. En moins de temps qu’il en a fallu à l’acronyme palindrome ABBA de 1972 pour devenir un logo ambigramme copyrighté en 1976, on se repasse le film de deux couples qui se sont aimés, ont chanté, et se sont séparés. Pour les vainqueurs de l’Eurovision ’74 (“Waterloo”), honnis par les opposants à la musique de masse, le champagne a coulé à flots jusqu’à ce que l’improbable équilibre entre show et business soit rompu, peu de temps après le plus abouti de leurs albums, Super Trouper (1980). Le groupe à singles, qui ne se consomme qu’en best-of, nous est vendu une fois de plus (400 millions de disques écoulés, dont 30 rien que pour Abba Gold en 1992), tandis qu’au pays d’Ikea, les parodies se suivent et ne se ressemblent pas.

Jean-Christophe Baugé
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PARIS-MOVE, December 1st 2020

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