Ian Kent & The Immigrants – Trick Bag

Rock


Le titre de l’album, Trick Bag, est déjà à lui seul un signe : le titre d’un morceau de Earl King que Ian Kent joue régulièrement sur scène. Pourquoi ne figure-t-il pas sur l’album ? Ian Kent avoue lui-même ne plus se souvenir pourquoi… Peut être avait-il l’esprit ailleurs, ‘on the road’…, ou est-ce un clin d’œil à une autre signification de Trick Bag : un sac à malices…?

La galette à peine glissée dans le lecteur, on jette un coup d’œil au superbe livret (qui contient toutes les paroles des chansons !) pour constater que le grand Ian Kent – grand par la taille comme par le talent – nous propose 13 compos et une reprise. Treize, un autre signe, sans doute. A vous de chercher le pourquoi du comment car pour expliquer également ce chiffre 13, le grand Ian avoue ne plus se souvenir pourquoi… Peut être a-t-il laissé sur le bas côté de la route quelques autres chansons, pour le prochain album.

Premier titre, Seven Seven Man vous accroche de suite, avec un dobro qui sonne Dire Straits grande époque et une guitare rythmique qui vous fera ressortir et remettre sur la platine (celle avec le saphir) les premiers 33 tours du Creedence Clearwater Revival. C’est simple mais diablement efficace et si vous êtes comme moi, sûr de vouloir savourer le reste de l’album sans en avoir perdu une miette, vous vous repasserez cette première chanson une seconde fois, histoire de bien vous imprégner des riffs de gratte.

La suite est un cocktail aux teintes pastel. Du folk, du blues, un peu de rock et de country : Ian Kent puise dans ses racines et ses expériences vécues ‘on the road’ les ingrédients qui donnent à cet opus aux sonorités variées une cohésion et une force incroyables.
Certaines chansons vous feront penser à Townes Van Zandt, d’autres à Tom Waits, surtout quand le grand Ian Kent fait vibrer sa voix rauque et râpeuse. Dans The End Of Something vous vous repasserez jusqu’à en devenir marteau l’un des rares solo de guitare de l’excellent Olivier Jargeais, vous apprécierez la musicalité country-blues de Tijuana que Ian Kent aurait pu, de manière classique, faire sonner tex-mex, et vous craquerez sur LE morceau de l’album, le beau, le très beau Central New-York Blues, une chanson qui vous remuera les tripes et vous fera monter la larme à l’œil. Un titre qui vaut à lui seul l’achat de ce très bel album.

Dans Jail Song, Ian Kent assure toutes les cordes, tous les instruments, et sans esbroufe vous fait étalage de toute sa classe, faisant également alterner superbes ballades, comme Angel (dont je vous recommande l’exceptionnelle intro à la mandoline !), et les chansons au rythme plus enlevé, plus chaloupé, comme The Girl From The Song. La seule reprise, Dearest Darling, termine ce périple sur cette route musicale sur laquelle Ian Kent vous entraîne et que vous ne quitterez plus tant cet opus fera désormais partie de vos CD préférés. Un CD que vous emporterez partout avec vous, un CD que vous emporterez ‘on the road’.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris Move & Blues Magazine
www.bluesmagazine.net