Folk, Rhythm 'n' Blues |
Voici déjà bientôt trois ans que nous avons découvert avec ravissement cet artiste canadien basé en Nouvelle-Écosse (chronique ICI). Profondément ancré dans ses racines soul, jazz et rhythm n’ blues, Ian Janes est un much in demand songwriter et producteur, associant à ces talents celui d’un storyteller conforme aux canons courants de la folk et de la country music. Pour ce nouvel album (son septième à ce jour), il s’est assuré le concours des claviéristes Glenn Patscha (Bonnie Raitt, Sheryl Crow) et David Cook (Taylor Swift, Halsey), des batteurs Chris Kimmerer (Thomas Rhett, Jordan Davis) et Marito Marques, ainsi que d’un trio de choristes incluant Zamani (déjà présente sur son précédent effort). La plage titulaire qui ouvre le ban est basée sur un jeu de mots (des nuits de la semaine, il fait ainsi des soirées de faiblesse). Introduite par une combinaison de synth-drums évoquant autant la B.O. de “Footloose” que le “Africa” de Toto, c’est un de ces eighties-soul infected numbers dont Michael Jackson et ce vendu de Phil Collins auraient assurément pu faire leur miel (en dépit de sa facture réminiscente du Stevie Wonder et du Donald Fagen de la décennie précédente). Avec ses craquements de vinyle en background et ses claviers synthétiques, la ballade “The Problem” accentue sa facture MTV millésimée au carbone 14. Heureusement, les vraies batteries font leur entrée sur le délicatement funky “Share”, lui conférant d’emblée (avec le renfort de chœurs inspirés) les teintes David Ruffin/ Tyrone Davis qui titilleront tout amateur de vintage Motown. Avec le timbre nasal (et réverbéré) du regretté John Lennon et son Hammond B3 omniprésent, la soulful gospel ballad “Somebody’s Gonna Love You” rappelle les performances du non moins regretté Billy Preston, et avec ses chœurs à la Martha & The Vandellas, l’enjoué “Down Escalator” emporte toute résistance. Probablement les deux plages dont les adult oriented radios favoriseront l’airplay. La production proto-Prince Nelson reprend ses droits avec ce “What I Gotta Do” évoquant son “Nothing Compares 2 U”: un mélange de churchy flavor et de cuivres au traitement synthétique. Hélas, comme le disait Jean Cocteau, la mode, c’est ce qui se démode, et il n’est pas certain que ces arrangements datés servent au mieux des compositions aussi roots. Avec ses cuivres triomphants, son Fender Rhodes et son funky beat rappelant la geste de Jamiroquai, “Waiting For Never” n’en emporte pas moins l’adhésion. En bonus de ces sept plages, Ian nous gratifie de quatre titres acoustiques (“Live And Alone”), où, s’accompagnant seul à la guitare, il délivre notamment les stripped down versions de deux originaux de son “Episode 5” (dont l’irrésistible “Amnesia”). Ce contraste dépouillé témoigne, s’il en est besoin, de la versatilité et de l’éclectisme d’un artiste attachant.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, June 3rd 2024
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