Rock |
Contrairement à ce que sa bio prétendit pendant des lustres, Ian Hunter naquit bien en juin 1939. Ce qui prouve que comme pour lire Tintin, jouer du rock demeure encore loisible à 77 ans. Je renvoie le premier qui ricane à la bio du loustic : viré de son premier band en 1958, il grenouille ensuite durant les sixties dans l’ombre d’artistes de seconde zone, avant que Guy Stevens en personne (l’homme qui produisit “London Calling”, bande de rigolos) ne le propulse en 69 frontman de Mott The Hoople. Le groupe rosbif maudit par excellence (avec Humble Pie et les Pretty Things): révéré par tout le gotha (de Bowie à Mick Jones du Clash), mais irrémédiablement plombé par de mauvais choix contractuels et de management. Après neuf albums (dont celui de la résurrection après un premier split, sous la houlette de Bowie in person, qui leur en offrit la pièce maîtresse “All The Young Dudes”), et de multiples changements de personnel (ils incorporèrent même le regretté Mick Ronson sur la fin), ces hérauts d’un rock fier, lyrique et punchy finirent par déposer les armes comme Vercingétorix à Alésia. Vaincu mais à jamais insoumis, cette grande gueule d’Hunter publie à présent son vingtième skeud solo, et, comment dire? Serait-ce un effet de la furtive et émouvante reformation de Mott en 2009 ? Ce disque sonne aussi frais et intemporel que n’importe lequel des meilleurs albums de son groupe originel. Où trouve-t-il encore matière à des compos aussi inspirées que ces “Stranded In Reality”, “Ghosts”, “You Can’t Live In The Past” ou la bouleversante plage titulaire ? Et comme il n’oublie décidément rien, son “Dandy” (à ne pas confondre avec celui des Kinks) s’avère le plus touchant des hommages à son ami Bowie. Quant au final, “Long Time”, il ravive même les fastes rupestres des Faces d’avant le départ de Ronnie Lane ! Le genre de rondelles qu’on se repasse en boucle, pour y découvrir à chaque écoute de nouveaux joyaux : aussi rare qu’intemporel…! Et si Ian Hunter était l’équivalent anglais d’Elliott Murphy ?