Blues |
Ne pas se fier à sa frêle silhouette: Tia (alias Laetitia Gouttebel) est bel et bien une pétroleuse. Non contente de s’être affirmée à la force du gosier et des poignets sur les scènes (doublements machistes) des festivals et clubs des deux parts de l’Atlantique, l’Auvergnate se lance un nouveau défi d’envergure. Après avoir, à la tête de ses Patient Wolves, déjà enregistré deux albums de blues électrique de haute volée (et remporté de nombreux prix, parmi lesquels celui du Blues Passions de Cognac), l’impavide bretteuse aurait pu se contenter de creuser le même sillon. Au contraire, la voici qui prend aujourd’hui le risque de déconcerter: «Sortir du Chicago blues, élargir mon répertoire, c’est ce à quoi j’ai travaillé ces dernières années. Le blues ne peut se cantonner à un seul style: jazz-blues, gospel, funk, blues du Mali, il y a bien des univers auxquels on peut coller l’étiquette du blues», déclarait-elle récemment… Voici donc le fruit de cette nouvelle quête. Sur le plan instrumental, la mouture présente déjà de quoi étonner: l’association de la calebasse africaine et de la vielle à roue électro-acoustique avec la voix et la guitare n’a, en effet, jamais été tentée à ce jour. Et si des rencontres entre blues et musiques électroniques l’ont certes précédé (Amor, Nu-Blues, voire Moby!), Hypnotic Wheels pousse quand-même le bouchon quelques crans plus avant. Imaginez le “Voodoo Child” de qui-vous-savez transposé en gigue, où funk et accents celtes se cambreraient de concert, ou encore le classique “Sitting On Top of The World” enfourchant subitement des rythmes maliens pour aller se déhancher au fest-noz! L’incantatoire gospel “Sometimes” de Bessie Jones conclut avec panache cette invitation à briser les barrières. Si cet improbable trio passe par vos contrées, ne ratez pas leur caravane: leur carte de visite s’avère en effet aussi convaincante que surprenante.