HUNDRED SEVENTY SPLIT – Tracks

Corner House Records
Blues-Rock

Dans la longue lignée qui part de Chicken Shack et Savoy Brown pour aboutir à Joe Bonamassa, Ten Years After fait un peu figure de borne incontournable. Leo Lyons en fut le bassiste durant plus de 45 ans, allant jusqu’à en réactiver la formule après la défection de leur leader, Alvin Lee. Quant à Joe Gooch, qui naquit à Londres en mai 1977 en plein été de la haine (tandis que les Pistols y trustaient le haut des charts en vilipendant la monarchie), il eut l’impudence d’y chausser les Adidas d’Alvin quand le trio de ses acolytes historiques décida de reprendre la boutique à son compte. Et passé les procès en usurpation, cette improbable formule fit la farce pendant une bonne décennie, écumant les scènes du monde libre et enregistrant même quelques respectables rondelles au passage. Si les crises de la quarantaine sont connues, ce brave Leo attendit son 70ème anniversaire pour rendre son tablier à la vénérable institution dont il demeurait l’un des piliers. Laissant à ses ex-comparses le bénéfice de la marque déposée, il emporta cependant avec lui bien davantage. Outre Joe Gooch, Lyons hérite en effet non seulement du groove originel de TYA, mais également de bien plus crucial encore: une bonne part de son esprit. Depuis leur sécession, les deux larrons (ayant embarqué l’excellent batteur Damon Sawyer dans l’aventure) en sont déjà à leur second LP studio (après un EP et un double CD live) sous le nom de HUNDRED SEVENTY SPLIT. Et force nous est de confirmer qu’ils y perpétuent bien davantage de vie et de créativité qu’au sein de leur précédent outfit. Si toi en douter, toi sauter illico à la plage 6. Ce “Gravedigger” en remontrerait à lui seul à une bonne moitié de la discographie de TYA: swing irrépressible, science de la mélodie et furia instrumentale. Alors, certes, Gooch et Sawyer ont l’âge des rejetons de Lyons, mais contrairement à l’adage, les générations combinent ici le meilleur de leurs apports respectifs. Comme en attestent des brûlots tels que “Looking For A Sign”, le ZZ Top boogie “She’s Got The Mojo” ou la profession de foi “It’s Coming Back Around”, le flambeau est non seulement passé de main de maître, mais il scintille de plus belle. Gooch s’y confirme l’un des plus impressionnants guitaristes actuels, et comme le démontraient récemment (dans un autre registre) les Sparks en s’alliant avec Franz Ferdinand, vive l’intergénérationnel…!
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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