Rock |
Contrairement à la classique formule du power trio, ici ils ne sont que deux, et ils s’adjoignent ponctuellement quelques musiciens en renfort, comme Sean Fuller ou Tanner Jacobsen à la batterie, ou encore Billy Livsey ou Rob Stennett à l’orgue Hammond.
Mais qui est donc cette fameuse paire de zykos dont les noms sont, je peux déjà vous le dire, très connus des aficionados de rock bleuté et de blues plutôt rocky. Car les deux lascars sont en fait Léo Lyons à la basse et Joe Gooch à la guitare et au chant. Deux des maîtres de cérémonie de Ten Years After et qui se permettent, pour notre plus grand plaisir, une incartade musicale vers d’autres sentiers à explorer.
Sur cet opus, il est surtout question de puissance guitaristique et rythmique, même si ici ou là le tempo vient à ralentir de temps en temps. Le duo nous distille un blues parfois à la limite du hard rock et qui se joue à la puissance maximum de nos chaînes Hi-Fi.
Sur cet opus, c’est effectivement la guitare qui est Reine. L’axe de gravité des morceaux tourne autour des riffs de la six cordes et des rythmes ponctués par la basse de Léo.
Au début, on serait presque étonné par cette direction musicale. Comment faut-il prendre cette incursion vers autre part…? Pas la peine de se questionner, car nous nous trouvons bien sur la planète rock et Joe a tout le loisir de s’amuser avec les six cordes et les 21 cases du manche de sa Stratocaster.
A l’écoute de tous les titres, il est indiscutable que les deux compères s’en donnent à cœur joie. Joe et Léo ont composé tous les morceaux en compagnie de Fred Koller et seul ‘Poison’ est une reprise, celle d’un morceau de Bert Jansch.
Les deux compères s’octroient même le luxe d’un petit clin d’œil à l’histoire avec ‘Wish You Were At Woodstock’. Car qui ne se souvient pas de la prestation que fit Léo en compagnie de ses compagnons de Ten Years After sur la grande scène du fameux festival, avec notamment ce mythique ‘Goin’ Home’.
Nous vous avions annoncé l’arrivée du disque EP 4 titres il y a de cela quelques mois, mais depuis, ils sont passés par le New Morning au mois de décembre avant de nous balancer à la figure cet album qui arrive enfin. Enfin….!
Dix ans plus tard…, Ten Years After. Il y a donc une vie possible à côté de celle de TYA, et l’un des piliers de la mythique formation qui enflamma une des nuits de Woodstock le démontre avec cette formation au nom détonnant, Hundred Seventy Split. Le ‘vieux’ bassiste Leo Lyons accompagné par son jeune compère Joe Gooch à la guitare a décidé de prendre non pas un chemin de traverse pour jouer une autre musique que celle de leur formation habituelle, mais une autoroute, large et éclairée comme en plein jour, histoire de nous faire monter l’adrénaline.
Dès le premier morceau, ‘The World Won’t Stop’, qui donne d’ailleurs son titre à la galette, cela démarre en trombe. Pied au plancher, pédale à fond, les mains serrées sur le volant, on prend de la vitesse et du son comme pas possible. C’est du rock pur et dur, teinté de blues, sans doute, mais le piment est tel que vous aurez du mal à en trouver la finesse, de ce bleu là. Joe Gooch est diabolique à la gratte et son toucher est digne des plus beaux tireurs d’élite de la six cordes. Leo, quand à lui, est le mélange explosif du vieux sage qui dégaine plus vite que son ombre et de Vulcain à la forge. La basse ronronne avant de rugir, d’exploser et de faire cracher les enceintes. C’est jouissif et ça vous fait grimper aux rideaux, sans viagra ou autre EPO de synthèse. Vous êtes embarqué dans le tourbillon de ce rock intense comme dans une voiture dont vous montez les régimes jusqu’à flirter avec la zone rouge. Une zone rouge dans laquelle le duo vous entraîne dès le second titre, l’excellent ‘Where The Blues Began’. Un morceau assassin capable de trucider le moindre bluesman qui traîne dans le coin. Alors que pourtant il tend la main au blues, ce morceau…!
Criminels au possible, les onze titres proposés sur ce CD sont de la même veine, avec ce sang rouge et bleu qui contient en lui toute la puissance des deux races musicales, le blues et le rock. Deux races plus que des genres musicaux. Des races dont les lascars sont fiers et qui les jouent, les chantent au travers de dix compos et une reprise, ‘Poison’, revisitée, pimentée à la sauce HSS, comme si rien, vraiment rien ne pouvait résister à la tornade HSS.
Clin d’œil malicieux en fin de galette avec ‘Going Home’ (une compo signée HSS et non pas…, faut le préciser!) et ce ‘Wish You Were at Woodstock’, pour nous pousser à remettre la gomme. On monte un peu plus le son et on remet ça avec ‘The World Won’t Stop’. Won’t Stop, tout comme ce CD qu’on remettra jusqu’au bout de la nuit, en boucle, jusqu’à ce que les voyants soient tous au rouge. Foncé.