Hubert #06 – One Man Delta Blues Show

Twin Fizz – TF 0810-001
Blues
Finaliste du Tremplin du festival Blues sur Seine 2009, l’homme au chapeau et siglé ‘#06’, Hubert de son prénom, nous arrive avec un opus en droite ligne des enregistrements faits ‘à la maison’, avec bouts de ficelle et amplis posés sur de vieilles caisses en bois, comme dans le Delta, bien avant le numérique et toutes ces nouvelles technologies. C’est dire combien l’album respire l’authentique….!
 
Avec Hubert #06 vous êtes prévenu dès le titre de l’album, qui annonce la couleur: ‘One Man Delta Blues Show’. L’homme au chapeau vous interprète de bons vieux blues dont le son enregistré en 2009 daterait presque de l’époque. Ecoutez ce ‘Payday’ (signé John Hurt), ou ce ‘God Moves On The Water’ de Blind Willie Johnson, et vous aurez quasi l’impression que vous avez là, entre les oreilles (bleues, bien entendu), une version restaurée de l’original tant tout y est, de la guitare à la voix. C’est poisseux et boueux comme les chemins du Delta après la pluie, tandis qu’assis sur les terrasses, de vieux bluesmen chantent Dieu, les femmes et le monde qui les entourent. Le Hubert chante et joue avec une telle spontanéité et un tel cœur que ça vous file le bourdon et l’envie de reprendre l’avion pour aller passer un bon moment dans le Delta, vous replonger dans les racines de cette musique qu’Hubert #06 vous propose.
Sensations assurées, car le Hubert est comme ces vieux bluesmen, seul sur sa terrasse pendant que vous passez devant sa bicoque, marchant sous la pluie. Seul, car Hubert assure seul les guitares, l’harmo et la chaise en guise de cajon. Seul, même si pour quelques titres il est secondé par Grégoire Garrigues aux percus, car comme il se définit lui-même, Hubert #06 est un ‘One Man Delta Blues Show’. Et seul sur sa terrasse comme sur scène, ça l’fait, et grave.
 
Difficile de faire ressortir un ou plusieurs titres de cet album tant l’ensemble sonne comme une belle rétrospective du Delta blues dont on aurait retrouvé et nettoyé les versions originales pour en faire une compil pour amoureux du blues comme pour collectionneurs avertis. Alors on prend l’album dans son ensemble, tel qu’Hubert #06 vous le balance, direct.
 
Un album qui trouvera difficilement sa place à un endroit précis de votre CD-thèque car vous pourriez aussi bien le ranger entre quelques unes des meilleures compils de blues comme près de Charley Patton (dont Hubert vous chante le superbe ‘Highwater Everywhere’) ou Willie Mac Tell (dont Hubert vous interprète ‘Broken Down Engine Blues’), par exemple.
 
Un album ‘hommage’ aux teintes sépias auquel vous ferez finalement une place de choix, en le laissant toujours prêt de votre lecteur, tant vous l’écouterez. Un album ‘Coup de Cœur’, pour sûr!
 
Un regret, toutefois: vu la qualité de l’opus, qu’est ce que l’on aurait aimé 5 ou 6 chansons de plus, histoire de se faire une super compil made by Hubert #06. Une compil qui, alors, aurait mérité à coup sûr la note d’Indispensable. C’est vous dire la qualité de ce que ce Hubert #06 vous propose avec ce premier album. A acquérir d’urgence, surtout en ce début d’année 2010, histoire de repartir pour un an sur des bases solides. Les plus solides possibles.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
Hubert #06