Jazz

Réinterpréter ou rendre hommage à Eleanora “Billie Holiday” Fagan (1915-1959) sans trahir sa mémoire nécessite de bien cadrer le projet. Celui-ci l’est, indubitablement. Les 14 titres proposés sont circonscrits à l’âge d’or de la chanteuse, entre 1935 et 1939, après l’enfance violée, avant la toxicomanie délétère. “Lady Day”, comme la surnomme le saxophoniste Lester Young, domine alors le jazz new-yorkais, accompagnée par l’orchestre du pianiste Teddy Wilson. Pour l’incarner: une Américaine à Paris. Nicolle Rochelle, vue dans le spectacle de Jérôme Savary A La Recherche De Joséphine, joue avec d’imperceptibles retards, use de phrasés décontractés… L’imitation tutoie la perfection sur “The Way You Look Tonight”, “What A Little Moonlight Can Do” et “Yesterdays”. L’artiste n’est pas lisse pour autant: arrêtée topless avec le body paint “women’s lives matter” au procès de Bill Cosby en 2018, elle persiste et signe en rappant sous le pseudonyme de Modern Geaisha…  Une ellipse narrative de l’argumentaire promotionnel. Etonnamment seul à la barre de l’émouvant “The Man I Love”, le septet parisien Hot Sugar Band, maître du jazz pour jitterbugs, distribue les swings (“With Thee I Swing”) et les uppercuts (“What A Little Moonlight Can Do”). Ses deux clarinettistes saxophonistes (alto pour Jean-Philippe Scali, ténor pour Corentin Giniaux), qui ont la clé de registre et d’octave facile, assumeront-ils un rôle de passeur pour la génération alpha, faisant sauter le double verrou du son mono et des craquements de gomme-laque de 78 tours?

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK

PARIS-MOVE, November 30th 2020

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Hot Sugar Band + Nicolle Rochelle – Teaser (4 songs):

Nicolle Rochelle performs “What a Night, What a Moon, What a Boy”, “Lover Man”, “With Thee I Swing” and “Doin’ The Jive” with the Hot Sugar Band, at the Cirque Electrique, Paris, in May 2018.