HOT CHICKENS – ROCK’N’ROLL VENDETTA

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Rock 'n roll
HOT CHICKENS - ROCK’N’ROLL VENDETTA

On retrouve avec délectation et une excitation proche du delirium tremens ou de la danse de Saint-Guy, le fameux trio des Hauts-de-France nourri à la carbonade flamande, à la fricadelle des barraques à frites et à la Jenlain, je veux bien entendu parler des Hot Chickens, avec un nouvel album intitulé Rock’N’Roll Vendetta, dont le titre évocateur donne le ton d’un rock’n’roll musclé, vitaminé et sans concession. Hervé Loison alias Jake Calypso, étant sans conteste l’un des chanteurs de rock’n’roll français les plus percutants, voire les plus généreux. Chacun de ses nombreux concerts est une véritable joute physique, mais sans stéroïdes anabolisants, ni testostérone de substitution. Magnanime et chevaleresque, Hervé Loison est un authentique showman comme il n’en existe quasiment plus, un showman fulgurant façon Vince Taylor, Iggy Pop, Viktor Huganet, Little Bob, Johnny Hallyday, ou encore Didier Wampas, qui se donne corps et âme, le palpitant dans le rouge, les cordes vocales qui s’alarment, et les tripes à la mode d’Armentières sur la table, sans compter les hectolitres de sueur et de sang déversés chaque soir et sans regarder sa tocante tel un guichetier de La Poste à l’approche du casse-croûte, présentant tous les symptômes d’une crise d’hypoglycémie. Quant à nous, public conquis, on se retrouve dare-dare avec nos rotules en titane qui couinent comme une Micheline de la SNCF et nos prothèses de hanche qui demandent grâce et implorent la miséricorde céleste. A ce titre, les compagnies d’assurance lèvent les yeux au ciel rien qu’à l’évocation du nom d’Hervé Loison, s’enfuient en courant sous l’effet de la panique et ne veulent plus assurer ses lunettes monture FAOSA à la Buddy Holly, sa basse ou sa contrebasse, et la gomina qui fixe sa banane.

Rock’N’Roll Vendetta fait suite à l’excellent album des Hot Chickens Its Time To Rock Again! chroniqué ICI dans ces colonnes par votre serviteur, et se place déjà en pole position des meilleurs albums de rock’n’roll/ rockabilly du moment, avec certainement le vinyle des Moonshiners, Les Mauvais Garçons.

Lors de l’album précédent, Hervé Loison et les Hot Chickens avaient fait preuve d’une audace inouïe en reprenant L’Hymne A L’Amour de Piaf, un morceau de bravoure, avec une totale réussite et une crédibilité sans faille. En effet, reprendre l’œuvre intemporelle de Piaf n’est pas une sinécure et peut très vite s’avérer casse-gueule, hasardeux, pathétique et sans relief, lorsqu’on n’a pas l’envergure, ni le vécu, ni l’estomac, ni le talent nécessaire pour s’y aventurer, et de sortir indemne et grandi de cette planche savonneuse et de cette démonstration de roulette russe, avec six cartouches dans le barillet. Chapeau bas aux Hot Chickens pour cette prouesse et pour ce courage, digne des légionnaires lors de la mythique bataille de Camerone!

L’album démarre tambour battant avec See See Rider ou C.C. Rider, titre de Gertrude “Ma” Rainey de 1924, l’une des premières chanteuses de blues américaines. Ce titre sera repris entre autres par Bessie Smith, Lightnin’ Hopkins, Chuck Willis et bien sûr Elvis Presley sur l’album On Stage de 1970. Mister Jack est un blues (shuffle) en la mémoire du premier guitariste. Until We Die un titre pub-rock façon Dr Feelgood, avec des riffs que n’aurait pas reniés Wilko Johnson. Je Ne Laisse Pas Tomber, dans la langue de Molière, un titre un tantinet vindicatif, au vitriol, dans la lignée de Ma Gueule de Johnny Hallyday, histoire de remettre gentiment les pendules à l’heure et les points sur les “i”, sans s’énerver, en restant courtois, avec quelques-uns, entre béotiens, philistins et sublimes pignoufs! Parfois, il y a des coups de pied au cul qui se perdent… In My Way est une ballade d’Elvis de 1960, car lorsque Hervé chante Elvis, c’est du velours, du miel pour les oreilles! Rappelez-vous l’album hommage au king de Jake Calypso 100 Miles de 2017 (Rock Paradise Records). Un pur chef-d’œuvre! J’Ecoute Eddy est encore une magnifique ballade du style Sur La Route De Memphis, La Fille Du Motel ou Un Portrait de Norman Rockwell, en hommage à Eddy Mitchell, avec un clin-d’œil au Belleville d’antan, le Belleville d’avant les Chaussettes Noires, et qui hélas n’existe plus. Old Black Joe est un classique de la mouvance Teddy Boy, signé Stephen Foster. Ce titre sera également repris par Jerry Lee Lewis en 1960 et par Crazy Cavan and the Rhythm Rockers en 1977. Hard Workin’ Man est un titre purement dans le style Polk Salad Annie de Tony Joe White. Attention aux alligators sortant des marécages du Pas-de-Calais! Ainsi que plusieurs autres pépites concoctées par les Hot Chickens. Sans oublier de mentionner un dernier clin-d’œil, le droit cette fois, à Eddy Mitchell avec la reprise de A Crédit & En Stéréo, adaptation signée Claude Moine du célèbre No Particular Place To Go de Chuck Berry en 1964 (St Louis To Liverpool), qu’on pouvait écouter sur l’album de Mitchell Rocking In Nashville de 1974.

Le line-up des Hot n’a pas changé. On retrouve toujours les fidèles et indissociables du projet, Christophe Gillet (guitares) et Thierry Sellier (batterie). Hervé Loison faisant le reste… pour sublimer l’opus. N’hésitez pas une seule seconde à entrer dans l’univers musical des Hot Chickens, malgré leurs masques façon Anonymous ou La Casa de Papel. En dépit de leur rock’n’roll sauvage et sulfureux, votre intégrité physique ne sera pas impactée. Nous sommes Anonymous, nous sommes légion, nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas, redoutez-nous! Album INDISPENSABLE dédié à la mémoire du regretté Didier Bourlon, guitariste des Hot Chickens de 1999 à 2007. Qu’il repose en paix…

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, July 9th 2025

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