HOT CHICKENS – FOOL’S PARADISE

ROCK PARADISE RECORDS
Rock'n'Roll

Comme le chante Eddy Mitchell, “Happy Birthday Rock’n’Roll” aux sulfureux Hot Chickens, qui viennent de fêter dignement leurs vingt ans de bons et loyaux services au sein d’un rockabilly débridé et dénué de quelconques complexes, chez eux, sur leurs terres de Béthune et son public de connaisseurs et de passionnés. Hot Chickens, un nom qui claque comme la lame d’un couteau sur le cuir d’un Perfecto, dans une ruelle sombre de Chicago par une nuit d’Halloween. Hot Chickens, un nom qui pourrait être sorti tout droit d’une fiction de Philip K. Dick ou d’un polar de James Ellroy. Hot Chickens, c’est évidemment le trio de l’hyperactif Hervé Loison, parallèlement à la brillante et bruyante carrière de Jake Calypso. 7ème opus pour le gang d’Annequin, avec toujours les fidèles comparses: Christophe Gillet ex King Size aux guitares tranchantes et l’indéboulonnable Thierry Sellier à la batterie, devenus Crickets pour l’occasion. Après avoir dans le passé rendu hommage à Gene Vincent, Little Richard et Johnny Burnette, Hervé Loison et ses acolytes, toujours bien inspirés, s’attaquent à l’œuvre intemporelle du rocker texan Buddy Holly, bien trop tôt et tragiquement disparu, à l’instar d’Eddie Cochran. Tout le monde connait le mélodrame et les sarcasmes du destin qui terrassèrent Buddy en plein succès à l’âge de 22 ans. Le funeste 3 février 1959 à Clear Lake dans l’Iowa, le petit aéronef qui transportait Buddy Holly, Ritchie Valens et The Big Bopper, s’écrasa dans la neige, par une météo exécrable. La légende (ou malédiction) du rock’n’roll écrivait ainsi une nouvelle page nécrologique et spirituelle. Car depuis, la ville de Lubbock au Texas n’a pas séché ses larmes, et les accords de Peggy Sue, La Bamba et Chantilly Lace résonnent et brillent toujours de mille feux. Ce n’est pas une sinécure que de s’attaquer à l’œuvre du mythique Buddy Holly. Il est indispensable de mettre les mains dans le cambouis, d’avoir du cœur au ventre et d’être sévèrement burné! Ou bien d’être complètement ravagé… Chez Jake, je pense sincèrement et en toute objectivité, qu’il y a un peu de tous ces ingrédients vitaux pour engendrer une telle réussite. Beaucoup et pas des moindres, s’y sont cassés les dents, pour un résultat plutôt moyen, pour ne pas dire médiocre. Dans les plus belles réussites françaises, quant à présent, je citerais sans aucune hésitation Dick Rivers avec ‘Holly Days In Austin’, version française et anglaise chez New Rose, Jezebel Rock et leur ‘Buddy’s Project’ et les prestations habitées de Peter Memphis, guitariste des Vinyls, notamment lors de showcases thématiques. Et maintenant, je peux ajouter à cette lilliputienne liste, les Hot Chickens et leur dernier opus ‘Fool’s Paradise’ (sorti chez Rock Paradise Records). Les Hot Chickens revisitent avec efficacité 14 standards de Buddy, qui trouvent ici une seconde jeunesse, comme dépoussiérés, ressuscités, exhumés, exorcisés, béatifiés, sacralisés… Dans cet album, il y a de véritables pépites et autres morceaux de bravoure: ‘Reminiscing’, ‘Wishing’, ‘Lonesome Tears’, ‘It’s So Easy’, et surtout ‘Maybe Baby’ et son déluge de riffs assuré de main de maître par Christophe Gillet. Vocalement, Hervé (Jake Calypso), semble au zénith, au sommet de son art et d’une sincérité jamais remise en cause. L’homme est artistiquement généreux, le groupe est généreux, toujours bienveillant et respectueux envers son public, la philanthropie à son paroxysme et de ce fait, le résultat ne peut qu’être positif. La tête dans le guidon, à l’aise dans ses starting-blocks, aussi confiant que les carillons du beffroi de Béthune, Hervé interprète Buddy de façon magistrale, à sa façon, avec l’ajout nécessaire de muscles et d’énergie communicative qui le caractérise, comme dans une utopie collective, comme dans une folle danse de St Guy incontrôlable. Mais sans overdose, sans excès indigeste que certains utiliseraient pour cacher d’éventuelles lacunes. Sans vouloir plagier un livre de recettes de Paul Bocuse, chez Loison, tout est une question d’équilibre, de dosage, telles les épices ultimes qui feront la différence significative. Car même les ballades les plus sucrées et les plus romantiques qui ont fait le succès de Buddy, n’échappent pas à la transformation génétique pratiquée par le Docteur Loison, tout en gardant, bien entendu, l’âme originelle et la couleur made in Golfe du Mexique des titres. Hervé Loison serait-il le fils spirituel du Docteur Jekyll, ou l’inquiétant Mr Hyde du rock’n’roll…? Quoiqu’il en soit, ‘Fool’s Paradise’ est un album hommage époustouflant, bluffant et crédible. La cause des Hot Chickens est juste et mérite notre plus grand soutien. Ce n’est pas un hasard si le groupe, et Jake Calypso se produisent très souvent hors de nos frontières. Il fallait s’attaquer au rock’n’roll de Buddy Holly, à la fois sauvage, primitif et sophistiqué, lui qui a influencé tant de groupes, des Beatles aux Beach Boys en passant par Paul McCartney, des Wampas aux Dogs de Rouen en passant par le regretté guitariste Marc Police. Et bien les Hot Chickens l’ont fait, à leur sauce, mais tout en respectant une certaine orthodoxie propre à la légende de Lubbock (Texas) Bravo les amis! Avec cet indispensable opus, la sublime Peggy Sue, célèbre pin-up d’outre-Atlantique, peut de nouveau affoler et émoustiller les teenagers, comme en 1957. Les gens du Nord ont dans leurs yeux le bleu qui manque à leur décor, les gens du Nord ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors… Merci aux Hot d’exister!
Pour se procurer la fameuse sphère à écouter sans modération tout en dégustant une bonne Jenlain ambrée, allez la chercher chez Rock Paradise, 42 rue Duranton, 75015 Paris, ou via leur site web, ICI

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, September 14th 2019

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