HOLTSO & WITTROCK – Blink Of An Eye

DME 11143
Americana, Rhythm 'n' Blues
HOLTSO & WITTROCK

Depuis Thorbjørn Rijsager et Mike Andersen, on sait la scène blues vivace au Danemark, mais qui sont donc ces deux-là? Jes (pronounced “yes”) Holtsø est une célébrité en soi:  il fut teenage acteur dès son douzième anniversaire, tenant le rôle d’un fils de gangster dans la saga de films populaires “The Olsen Gang”, puis, de 1970 à 1977, dans la série TV “Ballade Pa Christianshavn”. Cette carrière précoce n’ayant pas toujours été simple à gérer, le jeune Holtso y contracta quelques funestes habitudes, dont il mit ensuite un moment à se défaire. En 2002, il officiait en tant que technicien au Royal Danish Theater, après s’être consacré un temps à aider les alcooliques et toxicomanes au sein d’une institution spécialisée. Sept ans plus tard, il participe sur un coup de tête à l’équivalent de notre programme “The Voice” pour la télévision danoise, et réunit à cette fin un petit groupe de musiciens pour l’y accompagner. Il y noue une amitié instantanée avec le claviériste Morten Wittrock, et ne s’étant plus quittés depuis, ce tandem en est déjà à son quatrième album à ce jour. Ils ont assemblé pour celui-ci un bel aréopage de guests de renom, à commencer par Bob Britt (guitariste californien désormais basé à Nashville, et alignant à son palmarès des collaborations avec rien moins que Leon Russell, John Fogerty, Delbert McClinton et Bob Dylan), John Chipman (récemment élu “batteur de l’année” dans la compétitive cité d’Austin, Texas), Kevin McKendree (claviériste de Tom Principato, Big Joe Maher, Mark Wenner, Bob Margolin, Anson Funderburgh, Tinsley Ellis, George Thorogood et Delbert McClinton), ainsi que la princesse de Houston, Teresa James, et même l’ultra-vétéran Charlie McCoy (dont on ne compte plus les hauts faits depuis le “Blonde On Blonde” de qui-vous-savez jusqu’à notre brave Eddy Mitchell, en passant – excusez du peu – par Roy Orbison et un certain Elvis Presley). Bien que relativement moins worldwide, le reste du staff danois n’en assure pas moins à bloc (ainsi du batteur Mads D. Andersen sur plus de la moitié des titres). Les huit originaux que nous proposent ces lascars oscillent du gospel (la magistrale plage titulaire, avec un solo de guitare à fendre l’âme) au sassy & lazy funk (“I’m Your Man”), tout en louvoyant entre middle-aged et mid-tempo dylanesques (“Too Late”, avec l’orgue sépulcral de Morten, et les chœurs saphiques des frangines Lei et Lanni Moe). Les six cordes lumineuses de Britt font merveille sur six des huit tracks, et la trompette milesdavisienne de Peter Marott éclabousse un “Voodoo Time” que n’aurait pas renié Screamin’ Jay Hawkins, tandis que Teresa James passe aguicher langoureusement Jes sur le jubilatoire “Meet Me In Austin” (réminiscent de “Dock Of The Bay”, choruses d’orgue et de guitare croisés à l’appui). L’ombre de Delbert McClinton se projette sur le churchy “Lessons In The Blues”, chœurs et guitare célestes inclus. Le second line beat louisianais s’invite à nouveau sur “The Bright Side”, où s’illustre, outre l’harmonica magique de McCoy, le guitariste jazzy Hannibal Gustafsson, avant de conclure sur le majestueux “Figure Of Light” (co-signé par Britt), où sur le piano dépouillé de son comparse, le timbre voilé de Jes témoigne de son indéfectible résilience face aux épreuves de la vie. Un disque authentique et sincère, que l’on aurait tort de négliger en dépit de sa relative brièveté.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 22nd 2022

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Contacts : jesholtsoe@gmail.com et mortenwittrock@gmail.com