Blues

Fallait oser, et ils l’ont fait : Vincent, le père, et David, le fils, à produire cet album au son digne d’une grosse prod’, à co-signer et aligner 10 compos sur les 12 titres proposés avant d’aller se faire tirer le portrait, ensemble, une gratte à la main, pour la couv du livret. Fallait oser accoler au nom familial le sigle hendrixien de Experience, fallait oser démarrer le premier titre, Bad Games Shuffle, en trombe, sur une envolée à la SRV ; fallait ensuite oser prolonger ce début tonitruant par un superbe The Story Of The Crazy Red Horse avec rythmique lourde et puissante en support de slide et de lead guitars acérées. 

Big Daddy, le père, et Little Jimi, le fils, confirment bien là leurs surnoms : riffs cinglants, longues envolées de slide, tout y passe, pour nous offrir près de sept minutes de blues pur jus, dense et bien pressé. Quelques titres suivants semblent malheureusement presque faire plus pâle figure tant la barre est placée haut dès l’entame de cet album. With Love et Sugarine sont bien ciselés, bien joués, bien ficelés, mais il leur manque ce je ne sais quoi qui pourrait faire d’eux de grands morceaux de blues de la trempe de ce The Story Of The Crazy Red Horse. En puriste, je recommanderai également au duo d’aller se plonger dans la langue de la Reine Mère afin d’effacer cet accent français qui teinte leur anglais et donner à leurs compos ce lustre, cet éclat, cette finition à l’anglo-saxonne car Big Daddy et Little Jimi (Hendrix ?) ont du blues plein les veines, de ce blues chaud et bien rouge qui vous assure la vie. Ne ratez pas I Have A Son et ses sept minutes et demi de grattes électrifiées avant de vous repasser longuement une autre compo maison, The Blues Is True, avec guitare acoustique, harmonica, et un super Rob Hirons aux balais et au charleston. Petit crochet par un blues racé et imbibé de SRV, Please Stop The War (un excellent slogan que celui-là !) avant de conclure par deux très bons morceaux : Sunshine For All, un excellent blues lent signé par le clan Hofmann, et une reprise de M. Morganfield, Rollin’ and Tumblin’.

Bref, vous vous laisserez tranquillement porter au travers de ces différentes teintes de blues, suffisamment variées pour ne pas risquer la monotonie, et apprécier la griffe des deux gratteux que sont le père et le fils. Y’a des clans, comme ça, où tout baigne, tout roule, et cela se ressent dans la galette proposée.

Frankie Bluesy Pfeiffer
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