Grunge |
Voici presque 35 ans déjà, l’ultime spasme qui agita un rock déjà bien sclérosé réinscrivit Seattle au centre de la carte mondiale. Soundgarden, Pearl Jam, Mudhoney et bien entendu leurs parangons pour la postérité, Nirvana, imposèrent alors une attitude et un son que les media et l’industrie s’empressèrent de labelliser. Grunge était le mot, et les négociants en chemises à carreaux et pantacourts déchiquetés engrangèrent des bénéfices records. Alors que l’on croyait l’affaire enterrée avec Cobain (et définitivement pliée chez nous depuis la défection de Noir Désir), ne voilà-t-il pas que trente ans après, un sequel inattendu nous vient de… Seclin, dans les Hauts-de-France? Si “Sang Divin”, “Dernier Jour” et “Ma Jolie Petite A” s’inscrivent dans la veine de Pearl Jam et Soundgarden (tandis que “Sois Mon Crève-Cœur”, “M & La Haine” et “Le Problème Silencieux” assument haut et fort la marque de “Nevermind” et “In Utero”), Hernest parvient néanmoins à conjurer l’écueil du pastiche gratuit en affirmant sa patte, ne serait-ce que par la grâce d’un chant distinctif, éructant des paroles de révolte post-adolescente sans trop en affecter l’intelligibilité (“La Différence Retrouvée”, “Un Papillon Sur Ta Tombe”). Alternant intensité high energy et respiration mélodique, les quatre de Hernest délivrent un premier album d’une maîtrise impressionnante (et de surcroît remarquablement produit). Bordeaux eut Noir Désir, et Ronchin s’enorgueillit de Carving puis de Skip The Use… Souhaitons donc à Hernest un destin similaire.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, May 16th 2023
::::::::::::::::::::::::::
L’album d’HERNEST, “Reflet de lames”, est disponible sur toutes les plateformes musicales. Plusieurs liens vous sont proposés sur le site de HERNEST, ICI.