Blues

Moins universellement connu que Memphis Slim, Eddie Boyd ou Otis Spann, Henry Gray n’en demeure pas moins l’un des ultimes représentants authentiques du piano blues, tel qu’on l’entendait dans le Chicago de l’après-guerre. Né le 19 janvier 1925, cet ancien protégé de Big Maceo accompagna quasiment tout ce que la Windy City compta de géants: de Billy Boy Arnold à Little Walter, et de Jimmy Reed à Rice Miller, sans oublier Elmore James, Muddy Waters, Otis Rush, Buddy Guy ni Koko Taylor. Ni, bien entendu, celui qui l’employa douze ans durant au sein de son propre band, l’immense Howlin’ Wolf. Rétabli dans sa Louisiane natale à partir de 1968, il n’en est pas moins demeuré actif jusqu’à nos jours, se produisant notamment à plusieurs reprises sur notre continent. Le prosélyte harmoniciste Bob Corritore a établi avec lui une complicité de près de vingt ans, et cette rétrospective (comportant quatre inédits) le présente entouré d’un impressionnant who’s who. Outre Corritore (pertinent de bout en bout), Bob Margolin, Nappy Brown, Tail Dragger, Robert Lockwood Jr, John Brim, Willie “Big Eyes” Smith, Kirk ‘Eli’ Fletcher, Kid Ramos et Dave Riley entourent alternativement ce vétéran dont la devise semble effectivement résumée dans le titre: “le blues ne veut pas me laisser prendre de repos”. Les amateurs du deep Chicago sound des fifties/sixties y trouveront une madeleine aussi goûteuse qu’inespérée.