Electro-Pop

Constitué au départ de l’excentrique Richard Dawson (bien connu de nos services) et du harpiste Rhodri Davies, ce duo à vocation initialement bruitiste a déjà enregistré deux albums (dont un live), mais leur troisième effort marque un tournant dans leur évolution. Augmentés des vocalistes Sally Pilkington et Dawn Bothwell, ils se sont en effet contraints à livrer cette fois quatorze vignettes concises, au lieu des longues digressions auxquelles ils avaient commencé à nous habituer. Dès les trois plages d’ouverture, “Farewell”, “Trouble” et “Earworm”, on ne peut que constater leur transition vers une forme hybride d’électro pop et d’avant-garde. Un peu comme quand une de leurs références, les teutons krautrock de Can accouchaient voici plus de quarante ans de leur seul hit, “I Want More”, sans renoncer pour autant à leur approche transversale, ni à ce manifeste expérimental dont Gorillaz, Beck, Radiohead et consorts exploitent encore de nos jours le filon (après leurs aînés Talking Heads, Bowie, Fripp & Eno). Intermèdes infantiles ou dadaïstes, plages hypnotico-atmosphériques façon Massive Attack (“Kebran Gospel Gossip”), pop lullabies eighties dénaturées (le somptueux “Crimson Star”, qui n’aurait pas déparé le ruineux come-back de Brian Wilson en 1988): il ne faut pas chercher l’ADN d’Hen Ogledd trop loin de Gong, Amon Düül II et XTC, tandis que des radio songs telles que “Remains” et “Paul Is 9 Feet Tall (Marsh Gas)” n’atterrissent guère loin des Buggles de Geoff Downes et Trevor Horn, que “Space Golf”, “Time Party”, “Bwganod”, “Feral” et “Skinny Dippers” (avec son pont de piano préparé à la Mike Garson) évoquent les débuts des B-52s, et que l’orgue d’église de “Flickering Lights” renvoie dos à dos Robert Wyatt et Jean-Sébastien Bach. Bref, si vous aimez votre techno-pop brittone avec un soupçon de LSD, le thé est servi, comme en témoigne le bien barré “The Loch Ness Monster’s Song” (que l’on jurerait ânonné par Yoko Ono en personne).

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 3rd 2020

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HEN OGLEDD – Free Humans: un album à retrouver (et à commander) sur le Bandcamp de HEN OGLEDD, ICI