Hell’s Kitchen – Dress Ti Dig

Dixiefrog
Blues

Etrange mixture musicale que celle qui sort de la cuisine de l’enfer! Cela commence par un titre surprenant, ‘A Good End’, et cela se prolonge pendant douze morceaux, quarante minutes et quelques secondes.
Le premier morceau présente, de bric et de broc, l’univers musical de cette formation à forte connotation postindustrielle qui nous porte de suite à ébullition dans le chaudron helvète. Les pérégrinations se poursuivent par un ‘Teachers’ où la basse de Christophe Ryser mène un train du même style que la cuisine, d’enfer.
Ce que vous propose ce combo est du blues conventionnel et non conventionnel. C’est novateur et beau comme du Captain Beefheart and his Magic Band, c’est dire!
La plongée dans les abîmes du CD se poursuit par une ballade radio-activo-country, ‘The Helpers’, suivie par quelque chose de tragico-baroque, ‘Leave And Go Home’. Nous avons désormais quitté les sentiers battus de tous les courants musicaux et nous nous trouvons plongés dans une musique expérimentale qui rappellerait presque les Mothers of Inventions de ‘mister’ Frank Zappa. Nouveaux rythmes, nouvelles dissonances, nouvelles non-mélodies, tout contribue à nous plonger dans une atmosphère déjantée! Rodolphe Burger joue de la guitare sur ‘Wait’ en compagnie de Jérome Estèbe et poursuit, seul, sur ‘My Heart’s Beating Too Slow’ et ‘You Don’t Give Up’, chantant également sur ‘You Don’t Give Up’. C’est vrai que les Vosges ne sont pas si éloignés de cela de la Suisse, surtout vu des cuisines de l’enfer!
Rodolphe Burger s’était déjà compromis dans une expérience bleue avec James Blood Ulmer, qui n’est pas le premier venu parmi les bluesmen contemporains. Rien d’étonnant donc à ce qu’il récidive avec cette contribution artistique pour un trio pour le moins original.
L’opus se poursuit avec quelques contributions d’invités conviés spécialement pour les rituels préparés par nos étranges cuisiniers, histoire de délivrer une musique à couper aux couteaux. De celle qui laisse des entailles profondes dans nos certitudes musicales.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine

 

L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on. La preuve vous en est apportée ici avec ce ‘Dress Ti Dig’ proposé par des cuistots qui font leur tambouille chez Dixiefrog, sans se soucier de ce que l’on peut dire d’eux sur terre.
C’est du blues incandescent qui brûle aux doigts, aux platines et au cœur. C’est de la musique qui déplace les frontières conventionnelles et bien établies du blues, les replaçant là où elle en a envie, au gré des sensations du moment. C’est du blues incendiaire qu’aucun régiment de pompiers ne pourrait éteindre, un blues saignant et qui calcine tout ce qui pourrait oser lui résister.
La formation est à l’instar de son nom, de feu. Du feu qui règne en enfer et qui vous attire à lui comme si vous étiez un pyromane du blues.
Chaque titre possède sa puissance propre, et l’apport de maître Rodolphe Burger en assistant de Satan qui distille ses trucs de chef étoilé apporte à cette cuisine un goût épicé qui cramera bien des gosiers.
Côté instruments, on dépasse, et très vite, le concept (contre)basse-batterie et guitare du trio modèle bien propre sur lui, pour aller plonger dans le bazar qui sied si bien aux formations qui osent tenter le diable. Ici, ce sont des couvercles de poubelles qui se cognent au washboard, des conduits de ventilation qui deviennent percus de la modernité, tout comme ces tambours de machine à laver qui retrouvent une autre vie entre les mains de ces musiciens diaboliques.
Ici, on se retrouve bien loin des guitar heroes et des rythmes métronomiquement impeccables. On donne dans le fusionnel, l’anti-traditionnel et le novateur, le genre de ruptures qui marqua la carrière de grands artistes comme Zappa ou Hendrix, par exemple.
Une musique sans retenue et sans limites qui fera exploser votre compteur. Quitte à le jeter en enfer. Pour ne garder que ce putain de blues.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris-Move, Blues Magazine (Fr) & Blues Matters (UK)
Hell’s Kitchen