Americana, Blues

Pour ce natif du Nebraska, le troisième essai s’est enfin avéré payant: après deux précédentes participations à l’International Blues Challenge de Memphis (à la tête de son propre band) en 2015 et 2016, c’est en tant qu’artiste solo qu’il y a remporté deux prix l’an dernier (dont le Memphis Cigar Box Guitar Award, consacrant le meilleur guitariste en lice). En vingt ans de carrière, Héctor Anchondo (qui avait débuté à la tête de son propre rock band éponyme), a opéré un virage drastique quand il s’est finalement décidé à se consacrer exclusivement au blues (s’y investissant jusqu’à passer un an à Chicago, pour s’y imprégner du son et de la tradition perpétués dans les clubs locaux). Après trois albums en groupe (“Kicking Up Dust” en 2012, “Young Guns” en 2014, et “Roll The Dice” en 2017), et tout en continuant à programmer chaque année le festival “In The Market For Blues” dans sa bonne ville d’Omaha, il entend réaliser à présent le rêve de toute une vie, en publiant son premier disque acoustique. Les douze originaux qu’il y propose témoignent en tout cas d’une belle maîtrise de l’idiome. De la plage titulaire (dans la veine d’un Keb Mo) à “I’m Going To Missouri”, “Candy Shop” et au savoureux “You Know I Love You But You Got To Go” (dans celle du Taj Mahal de “The Natch’l Blues”), ainsi qu’à ce “Momma’s A Hard Man” (entre John Lee Hooker et Jeff Buckley!), et à des country tunes telles que l’instrumental “Current River – In Memory Of Libby” et “Legend” (tous deux réminiscents de J.J. Cale), chacune témoigne de la versatilité d’un musicien aux amples références, ainsi que de l’impressionnante maîtrise d’un guitariste à l’art consommé. Mais Héctor Anchondo s’y révèle avant tout un songwriter accompli: avec le soutien de la basse de Joe Corley et du drumming subtil de Khayman Winfield, des perles telles que les soul ballads résignées “Just Forget It” et “Sometimes Being Alone Feels Right”, ainsi que les splendides “Vested Angels” et “Heart And Soul” (où son timbre s’élève au niveau de pureté de celui d’un Sam Cooke), ou encore le swing gitan de “Strike It Down”, attestent une personnalité authentique, dont la sincérité ne peut être questionnée. Accordez vous donc une faveur, et prêtez l’oreille à Héctor Anchondo, vous nous en remercierez.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 22nd 2021

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Héctor Anchondo – Let Loose Those Chains | Jam | NET Nebraska: