Soul blues |
En voilà une qui a assurément de la suite dans les idées: tout comme “Le Temple Du Soleil” prolongeait l’intrigue des “Sept Boules De Cristal”, “Rise From The Flames” s’avère la suite de “Burn Me Alive”, premier album de la chanteuse et bassiste Heather NEWMAN. Tandis que le titre de son prédécesseur se référait davantage à la fin d’une passion amoureuse qu’à celle de Jeanne d’Arc, le thême de celui-ci témoigne d’une résilience. Telle le Phénix renaissant des ses propres cendres, Miss NEWMAN tenait en effet à nous adresser cette fois un bulletin de rétablissement. Le Chicago mid-tempo shuffle “She Sure Looks Alot Like Me” aborde de front la situation: son ex-lover s’ébattant désormais dans d’autres bras (euphémisme de bon ton), Heather lui adresse un ultime coup de menton en affirmant qu’à travers cette nouvelle conquête, c’est encore un peu elle que ce dernier retrouve… Il n’est que temps de faire les présentations: Heather NEWMAN est une leader atypique: chanteuse au registre aussi flexible et puissant que gorgé de feeling, elle débuta en tant que side-player, lot couramment dévolu aux praticiens des quatre cordes. Dans sa ville natale d’Omaha, elle avait embrassé un programme d’éducation musicale pour enfants du nom de Blues Ed, qui lui offrit l’opportunité de se produire toute jeune auprès de pointures telles que Corky Siegel, Junior Watson et Walter Trout. Nos lecteurs conviendront que cela vaut sans doute mieux qu’une master-class d’Hervé Vilard, et l’on n’en comprend que davantage la marque heavy-blues qui domine des plages telles que “Water And Wine” et “I’m Coming For You” (spectaculairement réminiscentes des débuts de Free). Chacun des treize originaux de cette livraison porte la signature collective d’Heather et de son band. “Lonely On Beale”, “Coming Home” et “Cheapshot” sont des funks lascifs soutenus par des cuivres, et zébrés de soli de guitare proprement tétanisants. La demoiselle sait s’entourer, et Keith Ladd s’avère le guitar slinger ad hoc pour le répertoire soul-blues de la formation. “You Mean To Tell Me” emprunte ainsi sa time signature aux Allmans (à la geste desquels ses accompagnateurs ne s’avèrent manifestement pas étrangers). Sur un rumba beat, la plage titulaire et “What Goes Around” achèvent de dresser le bilan d’un amour mort, tandis qu'”His Soul” s’apparente au répertoire vindicatif d’une Etta James. Que l’on ne se méprenne donc pas sur son gabarit de brindille (certes tatouée): Heather NEWMAN confirme avec cette rondelle un authentique tempérament de panthère. Une révélation dont on n’a sans doute pas fini d’entendre parler, et un nouvel album aussi abouti que le précédent.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, July 8th 2019