HEATHER LYNNE HORTON – Get Me To A Nunnery

Pauper Sky Records
Folk, Pop
HEATHER LYNNE HORTON - Get Me To A Nunnery

Mariée au singer-songwriter de Chicago Michael McDermott (25 albums au compteur), avec lequel elle a déjà publié deux LPs sur le label italien Appaloosa (au sein de leur formation commune, The Westies), Heather Lynne Horton (née à Honolulu, mais élevée par sa famille adoptive dans le Wisconsin) délivre son troisième effort solo, dont le titre (“emmenez moi au couvent”) ne manque pas d’interpeller. Guitariste et violoniste émérite, ce qui frappe d’abord chez Heather Lynne n’en demeure pas moins son timbre vocal. Bien que s’inscrivant dans les pas d’autres figures féminines plus ou moins assimilées au courant americana (entre Shania Twain et Sheryl Crow), quelque chose dans son grain de voix la distingue toutefois de ce peloton grand public. Ce n’est pourtant pas le convenu “After All This Time” d’ouverture qui traduit le mieux sa différence (on croirait y ouïr une version féminine de l’insupportable Bono), mais dès l’acerbe “I Don’t Like Your Children”, l’affaire bascule vers la Marianne Faithfull sépulcrale de “Broken English”, et la facture proto-new wave qu’y apposent les synthés évoque des Pretenders apaisés (le trémolo de Chrissie Hynde), ainsi que les débuts au sein des Sugarcubes de la future diva Bjôrk. Revendiquant pour modèle la regrettée Sinead O’Connor (ainsi que Kate Bush et Joni Mitchell), Horton développe ses propres climats éthérés au fil des languides “Ten Times”, “Beatrix”, “Sunset Marigold”, “Six Foot”, “You Said”, “Take Off” et “Call A Spade A Spade” (où ses vocalises se nimbent d’un impressionnant écho), pour conclure sur l’intense instrumental celtico-baroque “Lin’s Never-Ending Song”, qu’elle interprète seule au violon, et dédie à son DJ favori (sévèrement malade) sur la radio locale WXRT-FM. Si sa quiétude apparente peut incliner à la méditation, voici donc un disque d’une profondeur plus manifeste qu’il n’y paraît. Ici, le chant des nonnes s’apparente souvent à celui des sirènes: heureux qui, à l’instar d’Ulysse, saura y céder sans s’y perdre.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 12th 2023

::::::::::::::::::::::::::::::