Indie Pop, Indie rock |
Des toxicos en bonne santé? Selon le Petit Robert (Little Bob en anglais, amusant, non?), c’est un oxymore. Un peu comme pauvre petite fille riche, esclave heureux, centriste libertaire, nazi israélien (quoi que), agent immobilier désintéressé ou intégriste queer… Quant au look, depuis les Cramps, Virgin Prunes, Misfits, Plasmatics, Alice Cooper et autres Marylin Manson, concédons que nous ne sommes plus guère impressionnés par les maquillages façon “Night Of The Living Dead” mâtinés de train-fantôme, notamment depuis que nos petits voisins nous les infligent chaque année pour Halloween. Les Healthy Junkies sont une formation londonienne qui n’en est plus à un paradoxe près, puisque leur chanteuse, Nina Courson, est une française expatriée depuis vingt ans au pays du fish n’ chips et de la sauce à la menthe et aux airelles. L’exact inverse de Chrissie Hynde (américaine d’Akron, on sait), quand cette dernière s’était mise en tête de remplacer Jean-Marie Poiré au sein des Frenchies, voici un demi-siècle déjà (avant de se faire une raison et de rentrer à Hereford pour y fonder ses Pretenders). Pour leur sixième album en quinze ans, les Healthy Junkies persistent irrésolument dans leur esthétique psychedelico-garage-punk-truc-machin-chose (orgue vintage, reverb et feedback à l’appui), quitte à se replier sur un teenage-rock bourrin devant autant aux Seeds et Sonics pour le meilleur (“Favourite Place”,”Tinnitus”) qu’aux Ramones pour le plus bas de plafond (“Self Conscious”,”Now Or Never”, “Lion In A Circus”), sans s’interdire pour autant maintes incursions heavy-pop où l’on croirait ouïr Shocking Blue s’allier aux Queens Of The Stone Age (“Dead Souls”, “Media Whore”, “Solitaire”, “Take Me To The Moon”, “Baroness”, “World On Fire” ou “Desire” et son solo de wah-wah furibard). Sans se gêner non plus pour emprunter éhontément son riff à “Born To Be Wild”, “Julie’s Got A Job” ose même se prétendre un hymne aux caissières, aides-soignantes et femmes de service de première ligne, tandis que “Son And A Daughter” adopte un reggae skank où l’on ne distingue pourtant nulle trace des Ruts, du Clash, ni de Stiff Little Fingers des temps héroïques. Le genre de disque à faire gloser certains de nos lycéens actuels sur ces réseaux dits sociaux qui supplantent désormais les préaux au rang de plateformes de discussions musicales, celui-ci s’avère aussi indolore, inoffensif et volatil que ceux de Sweet et Kim Wilde en leurs temps respectifs. Gageons que quelques quadras de l’an 2050 se le repasseront furtivement, une larme au bord des paupières, en se remémorant leurs surprises parties dans la cave paternelle, avec le souvenir ému de leur première cuite au gin-cola (régurgitation incluse). Après Darby Crash, voici donc Barbie Trash… Au fait, quel âge ont-ils donc, ces Healthy Junkies?
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, September 8th 2025
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