Blues |
Ca devient grotesque, cette propension à montrer systématiquement des artistes affublés d’une guitare, alors qu’ils n’en jouent pas sur l’album que ce cliché illustre. Question de cliché, justement: pour le consommateur lambda, un bluesman, ça porte forcément un chapeau, des lunettes noires et une guitare, pas vrai? Je n’aurais pas bronché si la même farce ne s’était pas produite récemment avec le dernier Big Daddy Wilson (sur le même label). On sait que les temps sont durs pour les artisans du disque, mais Harrison Kennedy n’a franchement pas besoin de tels artifices pour convaincre. En 12 plages aussi cohérentes que bien troussées, ce disque tient amplement ses promesses. Dans une veine semi-acoustique (drums feutrés), les arrangements font la part belle au piano de Jesse O’Brien (lequel co-signe une bonne moitié des titres), ainsi qu’aux grattes à peine plugged de Colin Linden, Brian Griffith et Chris Caddell. À écouter en priorité: le gospel “Shake The Hand”, le louisianais “Friday Dream” (sur lequel O’ Brien rend hommage à James Booker et Professor Longhair), la soul-ballad “You, Me Or Us” (réminiscente du passé de Kennedy au sein des Chairmen Of The Boards), les boogies “Crocodile Lies” et “Milk Cow Blues” (différent de l’original de Kokomo Arnold). Et, surtout, la renversante adaptation du “I’ve Got News For You” de Ray Alfred (sur laquelle Harrison joue les deux rôles du dialogue, et O’Brien assure une partie de piano digne d’un Charles Brown, tout en tapissant le backgroud de son Hammond B3), ainsi que le roots à souhait “I Believe” (l’une des rares occasions d’apprécier les talents d’harmoniciste de Harrison): la claque!
Paris-Move