HarpSliders – Don’t Buy Brand New Guitars – blues music CD

Blues Box association – BB004
Blues

Bon, comme il nous est signalé sur la pochette qu’il ne faut pas acheter de guitares neuves (‘Don’t Buy Brand New Guitars’), je suis retourné de suite au fond de mon grenier chercher cette vieille gratte acoustique sur laquelle je jouais il y a plus de trente ans maintenant, avant de glisser le CD dans le lecteur. Première surprise dès le début de l’album: une voix féminine m’annonce la mort de Charley Patton, avec ce vieux scratch-scratch d’un poste TSF mal réglé de l’époque. Punaise de document historique, me dis-je avant de plonger illico dans le livret, suspectant une astuce du duo Manu Slide & Papy Washboard. Une astuce due au talent de Sister Sue et de ‘maître’ Hubert Letombe (au son et mixage) qui d’entrée, vous donne le ton de l’album avec cette première compo signée Manu Slide, ‘Charley Patton’s Ghost’. Un Manu Slide qui signe d’ailleurs 8 des 14 titres de cette merveille de blues acoustique, laissant à Papy Washboard l’honneur de conclure l’album sur une compo au titre multicolore, ‘Rainbow’.

Après cette intro assez géniale, avouons le, les HarpSliders vous offrent une brochette succulente de quatre reprises: vous aurez tout d’abord droit à une superbe interprétation de ‘Can’t Stand To See You Go’, de Jimmy Reed, un lumineux ‘Grinnin’ In Your Face (Son House) suivi d’un hypnotique ‘Last Kind Words’ (Geeshie Wiley) bourré d’émotion et de sensibilité à fleur de peau avant de conclure ce set de reprises par un ‘You’re Gonna Miss Me’ (McKinley Morganfield) diablement énervé et sur lequel vos pieds ne cesseront de trépigner. Et tout le charme des HarpSliders est là: savoir vous faire passer de moments d’intense émotion à des chansons swinguantes ou jouissives à souhait.

Avec ‘Old River’, une de ses compos, Manu Slide vous emporte dans le Delta, ses lumières, ses sons, ses odeurs, ses ombres. Une chanson qui vous incite à vous installer sur la terrasse faite de vieilles planches et à regarder la nuit étoilée en écoutant le bruit du fleuve, au loin. Une atmosphère que le slider prolonge avec un titre purement musical, ‘Daddy’s 57 Slide’, avant de vous faire taper des mains et des pieds sur ‘No Bluesman’.

Au fil des titres, et selon les ambiances musicales proposées, le duo des HarpSliders a convié des amis à les rejoindre:  Mister Gobo à la basse acoustique, au dobro et aux chœurs, Sister Sue aux chœurs (et elle en a, du cœur), maracas et djembé, sans oublier cette superbe ‘voix radiophonique’ sur ‘Charley Patton’s Ghost’. Egalement invités, l’ami Roger, aux coquillages sur ‘Old River’, R.V. Slim à la contrebasse, Mpika Bimbeni Marcel au djembé et congas, Jean-Pierre Degobert au sax sur ‘La couleur de ma bière’, l’un des deux blues écrits et chantés en français par Manu Slide.
Second blues écrit et chanté en français, l’excellent ‘Farka’, écrit en hommage à Ali Farka Touré sur une rythmique de deux djembés joués par Mpika Bimbeni Marcel et Sister Sue. Un morceau sur lequel toutes les percussions subliment l’hommage rendu au bluesman africain, auquel l’album est dédié.
Ecrit dans l’esprit des vieux blues, ‘Computer crime’ vous raconte ensuite les tourments d’un esclave des temps modernes, l’homme esclave des ordinateurs, comme quoi…
Dernier et quatorzième titre de cet excellent opus, ‘Rainbow’ vous embarque avec sensualité et tendresse dans un blues cent pour cent musical où les notes des guitares prennent toutes les couleurs de l’arc en ciel, sur fond de Diddley bow.

Après l’écoute d’un tel opus, vous comprendrez le pourquoi du titre de l’album et la magie du blues: « N’achetez pas de guitares neuves, elles ne renferment aucun esprit! Ecoutez simplement et regardez autour de vous! Saisissez ce qu’il y a d’ancien et faites-en véritablement quelque chose de nouveau! »

Un CD que vous classerez tout près des meilleurs albums des vieux bluesmen de légende. Un gros coup de cœur!

Frankie Bluesy Pfeiffer
Blues Magazine & Paris-Move
HarpSliders