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Il y a trois décennies encore, le concept même de soul futuriste aurait paru un oxymore. Depuis, les Angliches de Massive Attack, Morcheeba et Portishead ont démontré qu’on pouvait très bien coucher des voix soul sur des dispositifs électro. Du haut de ses 24 ans, Harleighblu, fille d’une mère célibataire de Nottingham, se pose crânement en héritière de cette nouvelle tradition. Après un premier album et une poignée d’EPs, elle s’acoquine cette fois avec le tandem de producteurs angelenos C.E. Garcia et Alfredo E. Fratti (alias Starkiller), pour la B.O. d’un film imaginaire. Basée en partie sur le scénario de l’Incal de Moebius et Jodorowski, la sombre trame que déroulent les 11 plages ici proposées trouve sa parfaite illustration dans les sonorités crépusculaires et les beats tour à tour lancinants (“Finish me, I’m Done”, “Middle of The Road”, “Without You”, “Why Would You”, “Amorine”…) et vertigineux (“Set Yourself Free”). À l’image du single qui en est extrait (“Killing My Heart”), une oeuvre au charme envoûtant, susceptible de séduire autant les fans de Radiohead que ceux d’Horace Andy. À découvrir les yeux fermés et l’esprit grand ouvert…, ou en relisant Enki Bilal.