Rock |
Depuis son premier album (très réussi), on avait un peu perdu Hanni El Khatib de vue. Un peu sa faute, pour tout dire : après ces prouesses initiales, sa collaboration avec Dan Auerbach avait en effet accouché d’une souris. Plus Dangermouse que Black Keys, son troisième essai nous avait également laissés sur notre faim. Est-ce l’effet de l’actualité ? Toujours est-il que le voici revenu à l’essence même de son art : un glam-punk garage fleurant son taux d’effluves carbonées. Initialement parues sous la forme de 5 EPs distincts, les 15 premières plages de cet album vital groovent et cognent là où on l’attend du rock de nos jours. Si les semi-disco “Paralyzed” et “Hold me Back” rappellent les regrettés London Cowboys de Steve Dior (quelqu’un ?), le bien nommé “Miracle” sonne comme le bœuf aussi improbable qu’impromptu entre Stiv Bators et Jonathan Richman, dans l’arrière salle d’un rade périphérique. “Baby’s OK” aurait pu gicler d’une session du Clash en 78, et “Born Brown” comme un inédit du Suicide de la grande époque (aboiements furieux à l’appui). Quant à “No Way” et “Mangos & Rice” (avec son faux air de “Consolation Prizes”), on jurerait deux outtakes du “Kill City” d’Iggy et Williamson, tandis que “Mondo and His Makeup”, c’est ? & The Mysterians propulsés chez les Modern Lovers circa Jerry Harrison… “Til Your Rose Comes Home” s’avère un hommage transparent au rockab’ robotique d’Alan Vega, et comment taire les arrangements façon Steve Harley & Cockney Rebel de “Gun Clap Hero” ? Et ce “Black Constellation”, qu’on croirait issu d’une jam entre Prince et Lennon ? Mais trêve d’énumération et de name-dropping ! Ces 19 perles ne comportent aucun déchet, et jusqu’à l’artwork imparable de sa pochette (faut-il rappeler qu’Hanni est aussi designer ?), voici de quoi consoler les ex-fans des Strokes : l’esprit survit, et il frappe encore.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder