Rock |
La belle persévérance de cette formation parisienne mérite d’être saluée. Qui d’autre en effet, de ce côté de la Manche, pour perpétuer cette flamme héroïque héritée de la fin des seventies? Avec pour viatique le vénérable “Disconnected” de Stiv Bators (équivalent des deux premiers Big Star pour toute une génération), et pour maîtres patents les Only Ones de Peter Perrett et l’Elliott Murphy de “Lost Generation”, les Guttercats se permettent le grand saut, en incorporant piano et violon sur “Death & The Girl” et “Slow Down” (que ne désapprouverait pas le grand Johan Asherton). Sur la seule cover, le “Night Of The Vampire” de Roky Erickson, un saxo fait même irruption (les Stooges et autres New-York Dolls eux-mêmes n’y répugnaient pas), mais ce sont les dix compos originales qui se taillent ici la part du lion. Que le vétéran de la scène hexagonale Gérard Coulondre tienne les baguettes sur la plupart d’entre elles, et que quinze musiciens distincts s’y croisent ou s’y côtoient n’a en fait que peu d’importance: les Guttercats sont plus que jamais le véhicule d’un auteur-compositeur aussi rare que précieux. Assumant plus que jamais ses références, Hervé “Guts” Michel chevauche avec panache un souffle épique, et signe ici une bordée d’instant classics (“Black Sorrow”, “Dead Love’s Shadow” ou ce “Way Down In Hell” qui renvoie autant à Jason & The Scorchers qu’aux Unknowns de Bruce Joyner). Ayant rencontré en la matière autant de promesses (Dan Brodie) que d’espoirs déçus (le même), comment ne pas soutenir une formation alliant bravade rock et mélodies tueuses? Sans jamais verser dans le bourrin ni dans la mièvrerie, une rondelle passionnante de bout en bout.
Paris-Move