GUILTY DELIGHT – Relax

Autoproduction
Reggae, Ska, Soul

Originaire d’Arras (tout comme l’ami Ignace), cette jeune formation s’était signalée à notre attention voici deux ans déjà (chronique ICI). Les voici de retour avec un léger changement de line-up à la basse, mais toujours en septette, avec leurs deux claviéristes en alternance et les mêmes choristes chaleureuses. Dissipons tout de suite le moindre malentendu: le titre éponyme qui ouvre l’album est sans rapport avec le hit qu’obtint Frankie Goes To Hollywood voici presque 40 ans déjà (comme le temps passe). Il s’agit au contraire d’un ska langoureux dans la veine de Millie Small et du Jim Murple Memorial. On retrouve avec plaisir les chœurs enthousiastes, la voix soulful à souhait d’Aurélie Michelon, ainsi que ce Hammond B3 dont la couleur ancre leur registre parmi les millésimes les plus vintage. “Hello My Body” retrouve bientôt les travées rhythm n’ blues initiées par Aretha Franklin et Candy Staton (les mêmes que celles qu’arpentent de nos jours Michelle David & The True Tones), et le guitariste et compositeur Rémi Voisin s’y fend d’un premier solo aussi torride que fulgurant. Traitant avec une sensibilité à fleur de peau de ce sujet qui attise à nouveau les passions dans notre Hexagone étriqué (l’immigration), le mid-tempo “Gambia” scintille de feeling et d’émotion, les six cordes de Voisin y exprimant un blues aussi cinglant que, naguère encore, des Maîtres tels que Luther Allison. Le reggae revient en majesté avec un “Don’t Go Down” où les choristes épousent magistralement les préceptes jadis énoncés par les prodigieuses I-Three auprès d’un certain Robert Nesta Marley. L’occasion de souligner également la remarquable versatilité du drummer Angel Legagneur, autant à l’aise dans ce registre que dans le soul beat, comme en témoigne immédiatement après l’imparable “Bring Me Back” (digne des Excitements espagnols, et où la basse se distingue à son tour, par delà la guitare étincelante de Voisin et l’orgue réminiscent de Booker T.). Sur le jazzy “Loud And Heavy Blues”, orgue et piano se répondent dans la ligne des Mose Allison et Georgie Fame d’antan. Legagneur y justifie plus que jamais son patronyme, tandis que l’impavide Rémi se la joue Grant Green et Wes Montgomery. Avec “Are You Watching Me?” (slow soul number de rigueur, façon James Carr), Orel Michalon évoque plus que jamais la grande Aretha, tandis que Rémi y vrille le firmament de licks furibards. Avec son melodica désuet, “The Door Is Closed” restaure les accents inopinés d’une blue beat pop early seventies, comme Bettye Lavette et Mac & Katie Kissoon savaient alors en délivrer. Décidément plus reggae que jamais, “Monday’s Back” ravive les tons ensoleillés des singles Trojan de la même période (des artistes aussi injustement oubliées que Phyllis Dillon et Joya Landis). Nos amis ont toutefois gardé le meilleur pour la fin, avec la soul ballad déchirante “The Three Of Us”, évoquant le meilleur de Roberta Flack, sur une trame harmonique proche du “Don’t Let Me Down” des Beatles. Voisin ne peut manquer d’y porter l’estocade en un solo brûlant, tandis que les choristes se la jouent Ikettes et que Orel y tutoie la regrettée Tina. Avec ce second LP, les Arrageois surpassent leur premier essai de la tête et des épaules, vérifiez donc par vous mêmes!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 20th 2023

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