GRAVELY JAMES – From Steve’s Shed

Snareguy Records
Folk
GRAVELY JAMES - From Steve's Shed

Dissipons d’emblée un malentendu: aussi talentueux qu’il s’avère (et c’est effectivement le cas), le jeune auteur-compositeur-interprète Chris Madronich (dont Gravely James est donc le pseudonyme) n’est pas à proprement parler bluesman, au sens communément admis, mais davantage l’héritier d’une tradition plus que séculaire: un songster. Davantage dans la lignée des Leadbelly, Big Joe Wiliams, Bukka White, Ramblin’ Jack Elliott, Mississippi John Hurt, Woody Guthrie, Cisco Houston, Dave Van Ronk, Sonny Terry, Townes Van Zandt et Pete Seeger que de celle de Big Bill Broonzy, Howlin’ Wolf ou Muddy Waters, Gravely James se révèle expert dans l’art de trousser de ces rengaines dont on se prend à imaginer qu’elles appartiennent à un patrimoine immémorial, alors qu’elles relèvent de fait bel et bien de sa plume. “Honey” et “103” ravivent ainsi le souvenir de formations antiques telles que le Chad Mitchell Trio ou le Kingston trio. Le protest-song point effectivement au détour du véhément “Shoot ’em Down” (adressé à une NRA qui n’en demandait sans doute pas tant). Et même si la comparaison peut sembler téléphonée, des pièces telles que “Cold Stone Heart” (sur l’intro et la coda duquel il se complait à siffloter la mélodie du “Bon, La Brute Et Le Truand”!) ou “Ativan” renvoient également aux tout débuts d’un certain Robert Zimmerman, tandis que “Beers With Joe Lapinski”, “Trouble In Mind”, “All My Money” et “Farewell Anita” évoquent davantage la verve facétieuse de Jeffrey Lewis et de Herman Düne, et qu’une perle romantique telle qu'”Atlantis on My Lips” aurait aussi bien pu émaner d’orfèvres tels que Ron Sexsmith ou Sufjan Stevens. Enregistré quasiment d’un trait live dans un studio confiné, où les seuls apports additionnels à sa guitare et son chant se limitent à quelques contre-chants et percussions de cuillers prodigués par son ami Steve Goldberger (celui dont la remise procure son titre à l’ensemble), ainsi que la guitare additionnelle de Ji Sharp (par ailleurs leader de Road Waves) sur un titre, son tout premier album atteste du talent extrêmement prometteur de ce jeune artiste canadien, dont on espère avec impatience la prochaine livraison.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 11th 2021

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GRAVELY JAMES – From Steve’s Shed: un album à commander sur le Bandcamp de l’artiste, ICI