Blues |
Le moins que l’on puisse dire, dès le début de la galette, c’est que l’arrivée de Grant Haua chez Dixiefrog est plutôt du genre tonitruante! Avec 12 titres sur ce premier album qui parait en France, alors que Grant Haua est un artiste remarquable et remarqué depuis déjà pas mal d’années. En effet, il a été membre du groupe Swamp Thing, en duo avec Michael Barker, ensuite batteur percussionniste du John Buttler Trio, avec qui il enregistra 4 albums: Balladeer, Primordium, Live A the Okere Store et Rumours and Lies. Et il en avait déjà enregistré une certaine quantité précédemment. Puis il y eut Knucklehead, en 2010, sorti sur son propre label. Dixiefrog étant peut-être le premier label “étranger au sien” avec lequel il signe enfin. L’album possède un super livret, avec les textes en version originale et leur traduction en français. Il est, de plus, superbement illustré! Le folk-blues qu’interprète Grant Haua est puissant, c’est le moins que l’on puisse écrire. Il chante, joue du cajon, des guitares (acoustique, swordfish, slide et électrique) et de l’harmonica. Son bassiste, Tim Julian, est aussi aux claviers (piano, clavinette ou Fender Rhodes, orgue Hammond, Wurlitzer) et la jeune Jesse Colbert joue de la contrebasse. Deux invités fameux et talentueux sont de la partie: Fred Chapellier et sa guitare électrique sur This Is the Place, et Neal Black à la guitare électrique sur Addiction. Tous les titres sont composés par Grant Haua, paroles et musique. Un harmoniciste, Grant Bullot sur “Mumma’s Boy”, est de la partie… et il convient, bien sûr, de signaler la participation de Delanie Ututaonga, artiste maori, sur le morceau quasiment autobiographique This Is The Place, dans lequel il parle de chez lui, de qui il est, et d’où il vient. Car la composition de ces superbes morceaux est due à un Maori, membre du peuple autochtone de Nouvelle Zélande qui, à l’instar des peuples amérindiens des Etats Unis, s’est vu déposséder de sa culture, de ses terres et de tout le reste avec… C’est certainement l’une des raisons qui expliquent la facilité avec laquelle il s’est approprié la musique d’une autre population opprimée. Celle des esclaves afro américains! Bienvenue chez nous à ce génial troubadour!
Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
PARIS-MOVE, February 3rd 2021
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Pour moi, le blues est une affaire de noirs américains et rien d’autre, prenant ses racines dans les champs de cotons, avec un tout premier enregistrement sur rouleau avec un artiste inconnu, chantant “I’ve Got The Blues”. Il y a de dignes héritiés, comme Keb Mo, Mighty Mo Rogers ou encore Dom Flemons, pour ne citer que quelques illustres exemples. Lorsque l’on parle de blues, côté blanc, c’est toujours du rock inspiré du blues, comme ici. D’ailleurs la rythmique du premier titre en donne un parfait exemple: du rock avec des guitares bluesy et une voix éraillée, comme d’habitude sur ce genre de productions. La qualité de cet album repose sur l’écriture, cette apparente facilité à se raconter. Grant Haua est originaire de Nouvelle Zélande, et si vous avez croisé des personnes originaire de ce pays, vous reconnaitrez dans cet album une forme de dureté poétique, une âme réalistique qui laisse peu de place au rêve. Commençant par parler de son héritage paternel, puis des addictions, de sa mère visiblement pas très tendre…, l’écriture et la scène comme exutoire, Grant Haua, poète du désespoir et des amours non maitrisées, ouvre son coeur et son âme, et il est rare de découvrir des textes aussi sincères dans le monde du blues-rock qui, d’ordinaire, se contente de bien peu.
Ecouter cet album demande un effort, un peu comme au théâtre, car si musicalement tout est parfaitement maitrisé, et que les talents de guitariste de Grant Haua sont parfaitement mis en avant, il faut prendre le temps d’écouter et de comprendre les textes, qui sont de véritables poésies, au sens profond. Heureusement pour ceux d’entre vous qui ne comprennent pas (ou mal) l’anglais, vous pourrez facilement avoir un espace de compréhension de tout ce que vous offre ce magnifique auteur compositeur, puisque les textes sont disponibles en anglais… et en français.
Pour les rédactions de Bayou Blue Radio et Paris-Move c’est un “Indispensable”, et après plusieurs écoutes de ce magnifique album nous espérons vivement que Grant Haua sorte un jour ou l’autre un livre de poésies, car cet artiste mérite d’être connu et reconnu en dehors de l’espace scénique et musical, en laissant la place à la dégustation littéraire.
Thierry Docmac
Bayou Blue Radio – Paris-Move
PARIS-MOVE, January 8th 2021
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Le site internet de Grant Haua est ICI
Album disponible chez Dixie Frog le 19 février 2021.
Site internet du label Dixiefrog ICI
Grant Haua ‘Tough Love Mumma’ (Official Music Video):