GRACE POTTER – Mother Road

Fantasy
Rock
GRACE POTTER - Mother Road

Le millésime est 1971. Année de tous les fantasmes depuis que certains critiques clairvoyants y ont recensé une exceptionnelle moisson de classic-rock albums passés à la postérité. Ce fut surtout le moment décisif où maints leading acts britanniques optèrent pour les sonorités américaines alors en vigueur. Au cours de leur fameuse tournée de 1969 (lors de laquelle ils enregistrèrent sur place “Wild Horses” et “Brown Sugar”), les Stones eux-mêmes avaient enfin réalisé que l’âme profonde des States ne se cantonnait ni à Chicago, ni à San Francisco, ni même à New-York, et sous les influences conjointes de Don Nix, Gram Parsons et Leon Russell, ils s’imprégnèrent alors des fonds baptismaux de Muscle Shoals. Leurs instrumentations mêlant désormais les héritages country, blues et soul (pedal-steel, slide guitar, orgue d’église, cuivres et chœurs gospel), une cohorte de suiveurs leur emboîta le pas, à la recherche du même cross-over philosophal (et des subséquentes pépettes escomptées). Ainsi des Faces (avec Ron Wood, déjà), dont le ci-devant “Ready Set Go” reprend le timbre éraillé de Rod Stewart (le même qui fit en son temps le succès de Kim Carnes et Bonnie Tyler), mais aussi de T-Rex (dont “Good Time” reprend les chœurs et le chaloupé du “Children Of The Revolution”, avec à l’époque les ex-Turtles Volman et Kaylan), ou encore le titulaire “Mother Road” (dont le rhythm pattern emprunte celui du “You’re So Vain” de Carly Simon, featuring à l’époque Jagger en personne pour choriste, ainsi que le regretté  – bien que marteau – Jim Gordon aux fûts). Jusqu’aux Kinks, qui se découvraient alors une âme tardive de cowboys urbains sur leur “Muswell Hillbillies”… À 40 piges, la toujours sémillante Grace Potter (dont aucun des frangins ne se prénomme pourtant Harry) emprunte à son tour la DeLorean du Doc pour remonter vers un passé sublimé par la nostagie d’une époque qu’elle n’a pourtant jamais vécue que par procuration. Et depuis son cover-art connoté Levi’s et Marlboro (à faire vêler n’importe quelle militante #metoo), jusqu’à sa production aux petits oignons (concoctée par son régulier, Eric Valentine), force est d’admettre que la formule opère plutôt bien. Au point que l’on croirait presque par moments y déceler une tentative des Black Crowes pour reprendre leur trône au palmarès des college-FM radios. Comme en attestent les clips ci-dessous, cette pétroleuse n’a rien à envier à Sheryl Crow (et s’avère manifestement mieux dotée que cette dernière, question humour et cinéphilie).

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 28th 2023

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Tracklisting:

1. Mother Road 05:12
2. Truck Stop Angels 00:47
3. Ready Set Go 03:26
4. Good Time 05:33
5. Little Hitchhiker 03:12
6. Lady Vagabond 05:49
7. Rose-Colored Rearview 03:58
8. All My Ghosts 04:22
9. Futureland 03:22
10. Masterpiece 04:46