GOOD ROCKING CAJUN – Lâchez Les

Autoproduction / Phoebus Musik
Zydeco
GOOD ROCKING CAJUN - Lâchez Les

Né en Louisiane, sur les terres marécageuses où trouvèrent refuge les Acadiens francophones déportés du Canada par le colon anglais au XVIIIème siècle, le folklore cajun s’est fondé sur le métissage entre culture française, instruments irlandais (le violon) et allemand (l’accordéon) et le blues des afro-américains du cru. Longtemps réservé à l’agrément de bals et fêtes dans sa région d’élection (les fameux “fais-do-do”), ce genre musical s’étendit à l’export grâce au label “Le Chant Du Monde”, qui publia au début des années 70 l’anthologie “Les Haricots Sont Pas Salés” (où figuraient des enregistrements des frères Balfa, ainsi que d’Alphonse Ardouin, Nathan Abshire, Canray Fontenot et AmbroiseThibodaux), puis du groupe Beausoleil (avec Michael Doucet) et de Zachary Richard. Les musiciens noirs louisianais ayant transposé la cajun music sous le vocable de zydeco, l’Europe succomba à son charme quand le pape de ce courant hautement rythmé, Clifton Chenier, se produisit en 1975 sur les planches du Jazz Festival de Montreux (alors retransmis en direct sur RTL). On ne compte plus les scènes où Chenier et ses héritiers perpétuèrent ensuite ce sens de la fête, et c’est sans surprise que l’on recense à présent sur notre Vieux Continent maintes formations s’en revendiquant les émules. À l’instar des Allemands des Swamptones, Good Rocking Cajun mêle donc zydeco, blues et rock n’ roll en un réjouissant gumbo. Originaires de Sauve (paisible village du Gard dont les autochtones comptent depuis près de trente ans la famille de Robert Crumb – icône de la BD contre-culturelle des sixties, et occasionnel banjoïste au sein des Primitifs Du Futur), le mélodéoniste Roger Morand et ses comparses s’inscrivent dans la ligne des C.J. Chenier, Boozoo Chavis, Rockin’ Dopsie et Buckwheat Zydeco, avec une touche prononcée de Benoît Blue Boy (précurseur du genre sur nos terres), pour des originaux tels que “Ce Type” ou “Doing Right Tonight”. Ne répugnant pas aux emprunts rockabilly (“Blue Moon Of Kentucky” de Bill Monroe, “Matchbox” de Carl Perkins ou ce “Just Because” des années 30, que reprenait Elvis à ses tout débuts), au rock originel (“Little Queenie” de Chuck Berry), au blues (“My Baby” de Willie Dixon, “Don’t You Lie To Me” de Tampa Red) ou au rhythm n’ blues louisianais des fifties (“I’m Walking” de Fats Domino), ces trépidants garçons revisitent avec bonheur des traditionnels tels que “Tous Les Temps En Temps” de Clifton Chenier, ou encore “Les Haricots”, “Eunice Two Step”, “Big A Big De Mamou” et “Johnny Peut Pas Danser”. Soutenus par une irrésistible section rythmique (Michel Droz aux sticks et Jean-Marie Ferrat aux quatre cordes), l’excellent guitariste Eric Lachasseigne (tricotant avec goût et maestria son picking-a-billy mâtiné d’une touche de reverb bienvenue) et le leader (au chant et à l’instrument à soufflet) distillent au fil de ces vingt plages une vigoureuse invite à se secouer les arpions.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 5th 2021

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