GLORIA – Sabbat Matters

Howlin' Banana / Outré / Modulor
Psych-Pop
GLORIA

À l’heure blème des confidences, je vous le concèderai volontiers: selon moi, les trois piliers du rock devant l’éternel s’avèrent sans tergiversation possible “Be Bop A Lula”, “Shake Some Action” et “Gloria”… Alors quand une formation adopte ce dernier titre pour vocable, elle aligne forcément à mes yeux quelques longueurs d’avance. Ici, les filles chantent (le plus souvent en chœur) et les garçons usinent derrière. À croire que dans leur communauté, les rôles sont tout aussi équitablement répartis: il y aurait ainsi celles qui lavent et ceux qui essuient, ceux qui essorent et celles qui repassent (et lycée de Versailles)… Loin de moi toute velléité de me gausser, chacun fait son lit comme la caravane aboie, et les chèvres seront bien gardées. N’empêche, depuis son “In Excelsis Stereo” de 2016 (et un E.P. de transition deux ans plus tard), le sextette lyonnais Gloria semble en avoir fait, du chemin. Sans obérer le moins du monde sa fixation sixties, la fausse naïveté de leur premier essai cède ici le pas à une noirceur sous-jacente, avec du cambouis sous les ongles devant autant aux Shadows Of Knight, Electric Prunes et Chocolate Watch Band qu’à des formations plus contemporaines comme The Paranoyds et autres Death Valley Girls. À leurs vocaux proto-B-52s s’agrègent à présent les sons crades des Lords Of Altamont (“Space Rocket”), voire des Pink Fairies et Hawkwind période “Space Ritual” (“Night Biting”). Les références initiales aux Shangri-Las et Small Faces désormais reléguées en arrière plan, on croirait entendre sur “Miss Tambourine” notre duo national Brigitte adaptant “I Can See For Miles” (on sait, Petra Haden l’a déjà fait a capella, mais ça situe le gap), voire le Jefferson Airplane de “Surrealistic Pillow” jammant avec les Yardbirds circa Jeff Beck, pour une coda en rave-up sur diddley-beat gorgée de fuzz juqu’à la gueule (“Skeletons”). Dès la plage titulaire et “Holy Water” (avec son sitar électrique et son orgue entre Vangelis et Jon Lord, évoquant le “Hic et Nunc” d’Aphrodite’s Child), Gloria plonge donc les yeux ouverts dans le grand bain du psychédélisme Nuggets. Décidément déterminés à faire disjoncter les plus zélés des poseurs d’étiquettes et préposés au classement, ces jeunes gens pourraient à la rigueur se voir labellisés “post-modern freak-out”, but who cares? Pour couronner cette pièce montée en forme de pyramide aztèque, la pochette est magnifiquement illustrée par la grande Nicole Claveloux… Wow, l’année s’ouvrirait-elle déjà sur un classique?

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 5th 2021

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