GHOST TOWN BLUES BAND – Shine

Frank Roszak Promotions
Blues-Rock, Soul

Nous vous avions vanté les mérites du GHOST TOWN BLUES BAND, cet improbable band de Memphis, voici moins d’un an, à l’occasion de leur album live incandescent. C’est donc bardés de prix et de distinctions qu’ils célèbrent à présent leur dixième anniversaire collectif. À la clé de cette nouvelle livraison, quelques questions et un défi: la fièvre de leurs prestations scéniques peut-elle effectivement se transposer dans l’espace confiné du studio? Et la disparité de leurs références (de la southern-soul cuivrée jusqu’au southern rock des Allmans et consorts) parviendra-t-elle à s’y incarner avec la même cohésion que sur les planches? Dès le “Running Out Of Time” qui ouvre le ban, on retrouve les ingrédients spécifiques du gumbo qui nous séduisit l’an dernier: ce southern drawl et cette slide gouleyante, servis sur un tapis de cuivres funky et d’orgue churchy. Drivé par la même slide infectée, le boogie blues “Soda Pop” laboure les terres poisseuses du Skynyrd originel, tandis que la plage titulaire en fait autant avec celles de Stax. Le couple de l’année, Paul DesLauriers et Annika Chambers, y prête ses voix mêlées aux chœurs, tandis que la section de cuivres se la joue Memphis Horns, et que la rythmique lorgne vers Muscle Shoals. Bon Dieu, le pari est d’ores et déjà gagné, et le cocktail produit à nouveau ses effets. Les guitares de la paire de compositeurs, Matt Isbell et Taylor Orr, perpétuent à nouveau l’héritage brûlant de Warren Haynes, Dickey Betts et Derek Trucks. Il suffit pour s’en convaincre de les écouter renverser le tabasco sur des plages comme l’incendiaire “Lyin’ To Myself” ou le morceau de bravoure “Giving It All Away” (entre funk à la Little Feat/ Doobie Bros et groove allmanien à twin guitars). Pour réminiscents qu’ils s’avèrent d’un patrimoine millésimé (cf. “High Again”: son lazy funk, son orgue à la Gregg Allman et son chorus de guitares à l’unisson), les douze originaux ici présents ne versent pas pour autant dans le pastiche ou un quelconque revivalisme: ce septette poursuit juste avec panache une aventure entamée voici un demi-siècle par ceux qui l’ont initiée. Tout aussi renversant que jubilatoire et convaincant, un grand album de musique sudiste à ajouter à cette lignée de placides conquérants dans laquelle ils s’inscrivent de plein droit.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 16th 2019

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