| Chanson |
Qu’est-ce que c’est que cette fable d’album égaré 35 piges durant? Comment pourrait-on consacrer pareil budget à un tel enregistrement pour s’en désintéresser ensuite, sa complétion sitôt accomplie? Pour rappel, l’année de ces sessions, George Benson, le guitariste au roucoulement de crooner, avait publié chez Warner “Tenderly” (recueil, comme son titre l’indique, de sauciflards romantiques qu’il écoula alors par containers entiers). Ne faut-il donc pas plutôt y voir la raison qui inspira son label à différer cette sortie-ci, afin de ne pas casser la dynamique d’un best-seller en plein rendement? Toujours est-il que ce fut le grand Quincy Jones (producteur de son chart-topping “Give Me The Night”) qui conseilla à George de collaborer avec l’arrangeur-en-chef Robert Farnon pour cet album orchestral. Avertissement aux amateurs de jazz guitar véloce: pour des soli aussi fluides que bondissants, adressez-vous à un autre guichet, car le George incline ici plutôt vers la somptuosité de géants du crooning tels que Nat King Cole (auquel il consacrera un plein album en 2013, cette fois chez Concord, et sur des arrangements de Nelson Riddle en personne). C’est en effet un plein orchestre à cordes, augmenté de piano, cornets, flûtiaux et chœurs célestes à foison, qui backe ici un ténor de premier ordre, au fil de covers copieusement assaisonnées telles que “A Song For You” (Leon Russell), “At Last” (popularisé par la grande Etta James), “Pretend” (par King Cole et Brenda Lee), “My Romance” (Rodgers & Hart), “Autumn Leaves” (Prévert et Kosma) ou encore le “Yesterday” de McCartney (il avait déjà repris “Here, There And Everywhere” sur “Tenderly”). On ne manquera pas de s’ébaubir de la luxuriance mise en œuvre, qui apparente par moments ce recueil à une prestation de Stevie Wonder avec le grand orchestre de Paul Mauriat à Las Vegas (le “Love Is Blue” gentiment funky de notre André Popp). Il n’y a pas à dire, quand on joue à fond le jeu du show-biz, il arrive que le crime paie vraiment… Amour, gloire et beauté: une copieuse pièce montée, déconseillée aux diabétiques (“My Prayer” et c’est l’attaque assurée: à côté, Iglésias et Lantier passeraient presque pour des punks). Comment traduit-on “cul-cul la praline” en anglais, déjà?
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, June 21st 2024
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Le légendaire guitariste de jazz marque son retour chez Warner Music Group avec un album inédit “retrouvé” (*)! Des standards américains (At Last, My Romance) et des relecture de classiques de la pop (Yesterday des Beatles, A Song For You de Leon Russell, Autumn Leaves de Joseph Kosma…) repris par George Benson rehaussés par les orchestrations luxuriantes de l’arrangeur Robert Farnon (compositeur, chef d’orchestre, arrangeur et trompettiste canadien, né à Toronto le 24 juillet 1917 et mort à Guernesey le 23 Avril 2005). Ne figure d’ailleurs sur l’album qu’un titre composé par Benson lui-même: A Long Time Ago. C’est le co-producteur de l’album avec George Benson, Randy Walman, au clavier, à la guitare acoustique ou à la basse sur certains titres, ou Tim May à la guitare. C’est parce que George Benson était très prolifique à cette époque qu’il décida de repousser la sortie de cet album à plus tard. Le temps passant, ces enregistrements finirent par être placardisés jusqu’à leur (re)découverte dans les archives de Benson très récemment. C’est donc 35 ans plus tard que l’album va bénéficier d’une sortie officielle. Rappelons que Benson a publié 12 albums entre 1976 et 1993, remporté 10 Grammy Awards, et qu’en 2009 le National Endowment of the Arts (NEA) lui a décerné le titre de Jazz Master, la plus grande récompense nationale pour un artiste de jazz.
Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
PARIS-MOVE, June 25th 2024
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