Soul

Depuis l’avènement de Daptone (voici une vingtaine d’années déjà), la vintage soul a sérieusement repris des couleurs, et ce retour en grâce a essaimé de par le monde. La chanteuse Gemma Marchi est Italienne et son compagnon, le guitariste Robert P. Petersson, Anglo-Suédois. Depuis leur port d’attache à Rennes, ils se produisent régulièrement au pays du Brexit, et ont édité un premier album (“Too Many Rules & Games”) en 2017, sur le label allemand Légère Recordings. Sous forte influence Dap-Kings (tant sur le plan des lyrics que des références), la formation s’augmente d’une section de cuivres idoine, et compte de très compétents instrumentistes (le bassiste Alan Beckman s’avère ainsi capable de remarquables break beats quand il s’assied derrière les fûts). Sur le plan vocal, Gemma se démarque toutefois de l’empreinte de la regrettée Sharon Jones: vocaliste aussi puissante qu’évocatrice, on pourrait davantage la comparer à Kyla Brox, dans un registre différent (trémolos similaires dans les aigus, et profondeur de gorge dans les graves, cf. “Do What You Want” et “Something’s Going On”). Petersson semble pour sa part avoir assimilé les moindres inflexions de maîtres des cocottes tels que le trop méconnu Jimmy Nolen. Si les dix originaux qu’ils proposent arpentent encore largement les platebandes tracées par Gabriel Roth et Neal Sugarman (“Better Late Than Never”, “Four To The Floor”), on ne saurait leur en faire reproche. En la matière, la pertinence des références prime en effet sur l’originalité: l’écurie Daptone ne s’en est-elle pas faite elle-même une devise? Un très bon album dans ce créneau aussi codifié que circonscrit, qui satisfera donc tout amateur à l’affût de real stuff.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 15th 2020