GEFILTE SWING – Klez N’ Zazou

Frémeaux & Associés / Socadisc
Swing klezmer

Fondée fin 1999, GEFILTE SWING est une formation parisienne à géométrie variable centrée autour de son fondateur, le clarinettiste (et sax alto) Alexandre Litwak. Tandis que des concepts aux formats similaires tels les Primitifs Du Futur se consacrent à perpétuer des héritages empruntant autant au jazz manouche qu’au musette, en les mâtinant de touches world plus ou moins prononcées, GEFILTE SWING s’attache à en faire autant avec les musiques klezmer issues de la diaspora juive ashkénaze. Pour leur troisième album depuis 2006, c’est toujours le tuba qui assure les lignes de basse (comme chez Hazmat Modine, combo new-yorkais puisant aux mêmes sources), mais nos amis accentuent davantage encore le versant traditionnel de leur répertoire. Des instrumentaux convoquant diverses mélodies du patrimoine populaire et/ou cinématographique de la culture yiddish garantissent l’authenticité de l’ensemble, sans se prémunir pour autant de certaines interventions iconoclastes. C’est ainsi que la fanfare énergique de “Lebedik Un Freilach” se fend d’un virulent solo de guitare électrique de David Konopnicki (du groupe rock klezmer Autor’Yno), et que ce dernier intervient également sur une version reggae de la B.O. d’une comédie musicale yiddish américiane de 1943! Les Gefilte Swingsisters (Muriel Missirlou, Judith Marx et Mélanie Gardyn) recréent par ailleurs les harmonies désuettes des Andrews Sisters, pour une cover du “Frailich In Swing” dont Johnny Mercer adapta les paroles en anglais, pour donner un “And The Angels Sing” dont l’orchestre de Benny Goodman fit en son temps un succès. Moins osés dans leurs cocktails que le clarinettiste David Krakauer, et moins éclectiques aussi qu’Hazmat Modine, nos GEFILTE SWING n’en proposent pas moins une versatilité rafraîchissante. En dépit de leur touche rétro assumée (toute naphtaline exclue), ils perpétuent dans ce siècle une tradition aussi riche que jubilatoire. Si un quidam vous demande un jour ce qu’est le pur klezmer, riez lui au nez: comme pour le jazz et le blues, cela n’existe tout bonnement pas!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 23rd 2019