GAYE ADEGBALOLA – Satisfied – An Anthology

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Blues
GAYE ADEGBALOLA - Satisfied - An Anthology

Alors qu’elle vient d’entrer dans sa 80ème année, la chanteuse, guitariste, harmoniciste et songwriter Gaye Adegbalola se retourne avec fierté sur sa quinzaine d’années en solo (après la dissolution du trio Saffire – The Uppity Blues Women, dont elle fit partie un quart de siècle durant). Ayant enregistré pas moins de dix albums avec cette formation (tous chez Alligator), elle en a encore publié neuf autres sous son seul nom (dont un destiné aux enfants). Activiste féministe et syndicale (ainsi que militante LBGT), elle a toujours placé le combat pour la justice et la dénonciation des inégalités au cœur de son discours et de ses actes. Dotée d’une solide culture blues et d’un non moins radical sens de l’humour, elle nous en propose un panel en vingt titres piochés dans son catalogue personnel. S’ouvrant sur son “Big Ovaries, Baby” (en réponse à la virilité revendiquée des testicules), elle y revendique d’entrée de jeu son franc parler, comme sa liberté de pensée et de ton. “Look At The Forehead, Maury” traite avec le même humour de la revendication en paternité, via l’histoire réelle de Thomas Jefferson (président des États-Unis au début du XIXème siècle, qui avait clandestinement engrossé sa servante). Gaye ponctue ce panorama de quelques covers bien senties, dont le classique du boogie-woogie “The Dirty Dozens” de Speckled Red (avec le piano alerte de Roddy Barnes), ainsi que les “Prove It On Me” et “Jelly Bean Blues”de Ma Rainey ou le “Je T’appartiens” de Gilbert Bécaud et Pierre Delanoé (qu’Elvis Presley et Bob Dylan avaient adapté sous le titre “Let It Be Me”), en duo avec Cleome Bova. Capable de composer et de s’exprimer dans la veine traditionnelle du ragtime (“Tippin’ On The Down Low”) et du boogie jump (“The Cleanest Kid” ou le doo wop “Hetero Twinges”, avec choristes féminines, et un cinglant solo électrique de Bob Margolin – sur l’incertitude quant à sa propre orientation sexuelle), elle est aussi à l’aide sur diddley-beat (“3 Hour Shoes” ou l’acerbe “Nothing’s Changed”, évoquant la précarité des droits civiques), et traite avec la même verve des choix alimentaires (“Blues For The Greens – The Broccoli Song”) et de ceux du cœur (“Tea Cake Kind Of Love” ou le désopilant “The Dog Was Here First”), comme de l’évolution numérique (le Chicago shuffle “Aint Technology Grand”). L’harmonica du grand Phil Wiggins dialogue avec Gaye sur le poignant “Winona”, et le gospel façon Odetta et Sister Rosetta Tharpe n’est jamais loin non plus (les remarquables “These Blues Are Mine”, “Keep The Faith”, “Let Go, Let God” ou la reprise du “Lift Every Voice And Sing”, que la grande Kim Weston avait érigé en hymne d’émancipation lors du festival Wattstax en 1972. Messagère d’espoir, de tolérance et de lutte, long live Gaye Adegbalola, un sacré tempérament!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 23rd 2023

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